2. Dyslexie ou dyslexies, quelles caractéristiques ?

2.1. Introduction

La dyslexie développementale est un trouble spécifique des apprentissages. Elle se définit comme un trouble persistant de l’apprentissage de la lecture en dehors d’un environnement socio-éducatif insuffisant, d’une scolarisation atypique, d’un déficit sensoriel profond, d’une déficience intellectuelle ou de tout autre trouble psychologique. Elle se caractérise par un retard en lecture compris en 18 et 24 mois (cf. CIM-10, 1994 ; DSM-IV-TR, 2004).

Une définition, plus précise, peut actuellement être avancée en prenant en compte les découvertes récentes dans les domaines de la génétique, de la neurobiologie et des manifestations comportementales. Ainsi, nous verrons en présentant l’état actuel des recherches qu’il est possible d’affiner la définition de la dyslexie développementale. La dyslexie serait un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture dont les origines sont neurobiologiques et probablement génétiques. Par ailleurs, il est maintenant reconnu que le degré de transparence des CGP, qui varie d’une langue à l’autre, est un facteur important des variations du nombre et de la forme de dyslexie prédominante (e.g., Landerl, Wimmer & Frith, 1997 ; Miles, 2000 ; Paulesu, Démonet, Fazio, McCrory, Chanoine, Brunswick, Cappa, Cossu, Habib, Frith & Frith, 2001 ; Ziegler, Perry, Ma-Wyatt, Ladner & Schulte-Körne, 2003).

Il demeure encore difficile de connaître avec précision la proportion de personnes atteintes d’une dyslexie. En effet, entre les retards de diagnostics, les divergences dans la prise en compte de certains aspects étiologiques selon les études ou l’absence de prise en charge, il n’existe un consensus que sur l’intervalle probable, compris approximativement entre 3 et 10% de la population mondiale (Sprenger-Charolles & Colé, 2003). En français, l’étude longitudinale de Sprenger-Charolles, Colé, Lacert et Serniclaes (2000) a conclu qu’environ 6% d’enfants issus d’une population d’enfants français seraient dyslexiques.

Basée sur les modèles à Double Voie (e.g., Coltheart et al., 2001), la prise en compte des déficits des dyslexiques, ainsi que leur classification dans des sous-types contrastés par rapport à l’atteinte de l’une des deux voies de lecture présente chez l’adulte expert normo-lecteur (cf. Chapitre 3, Partie 2.1), n’est pas sans poser de problèmes et a fait naître de sérieuses controverses. Nous présenterons les principales catégories de dyslexies développementales avec les déficits les accompagnant et nous soulèverons quelques problèmes méthodologiques et théoriques.