3.3.2. Manifestations neurophysiologiques et comportementales

Selon cette hypothèse, un faible degré d’automatisation lié aux déficits cérébelleux pourrait rendre compte des difficultés à appliquer les règles CGP chez les dyslexiques, car cette opération, certes contrôlée dans son accession, requiert un degré d’automatisation suffisant dans son déroulement. Dans une optique assez proche selon certains auteurs, il existerait un déficit spécifique du mécanisme de répétition subvocale, mécanisme de renforcement entre unités écrites et orales utilisé pendant la lecture, impliqué lors du développement des règles CGP, Heilman, Voeller & Alexander, 1996).

Parallèlement, les études ont mis en évidence un ensemble d’anomalies neuroanatomiques situées au niveau du cervelet. Parmi ces anomalies, les recherches ont dégagé des dysfonctionnements métaboliques (Rae, Lee, Dixon, Blamire, Thompson, Styles et al., 1998) et des défauts d’asymétrie et de densité de la matière grise (e.g., Kronbichler, Wimmer, Staffen, Hutzler, Mair & Ladurner, 2007 ; Rae, Harasty, Dzendrowskyj, Talcott, Simpson & Blamire, 2002). Des réductions du volume et des activités cérébrales ont été mises en lien avec un défaut d’automatisation dans des séquences motrices apprises (Nicolson, Fawcett, Berry, Jenkins, Dean & Brooks, 1999), dans des tâches de lecture (Brunswick et al., 1999) et dans des tâches de répétition (McCrory, Frith, Brunswick & Price, 2000).

Pour tenter de relier les troubles moteurs aux troubles phonologiques, Nicolson et Fawcett (2005) ont élaboré un cadre théorique des déficits cérébelleux : un plan cognitif décrit en termes de faibles habiletés d’automaticité et un plan cérébral renvoyant aux anomalies cérébelleuses. Le plan cognitif s’analyserait sur la base du plan cérébral, via les troubles d’articulation et de mémorisation, et ce, jusqu’aux déficits phonologiques. Les spécificités des anomalies cérébelleuses, les expériences et les liens établis entre les différentes régions cérébrales pourraient déterminer les sous-types de dyslexies. Mais les résultats de Ramus, Pidgeon et Frith (2003a) n’ont répliqué les observations selon lesquelles les dyslexiques présentent des troubles posturaux ou de dextérité manuelle que chez une minorité de sujets présentant des troubles attentionnels ou d’hyperactivité. Ces données s’accordent avec les travaux de Chaix, Albaret, Brassard, Cheuret, De Castelnau, Benestau et al., (2007) qui ont observé que les troubles moteurs sont accrus lorsqu’associés à des déficits attentionnels.