3.2. Présentation des expériences

3.2.1. Tâche de détection visuelle de cible à l’initiale de mots

La première tâche a été réalisée avec une adaptation de la tâche de détection visuelle de cible proposée par Colé et al. (1999) en manipulant deux bases de données sur les fréquences lexicales (i.e., Manulex, Lété et al., 2004) et infralexicales (i.e., Manulex-infra, Peereman et al., 2007), spécialement tirées d’un corpus d’ouvrages proposé à l’école primaire.

L’utilisation d’une telle tâche doit permettre de mettre en évidence le format des unités phonologiques générées pour lire des mots bisyllabiques auprès d’enfants qui ont bénéficié d’un apprentissage de la lecture basé sur l’enseignement des règles CGP. La tâche doit également permettre d’observer le recours à des unités phonologiques modulées par le niveau d’expertise (conformément au parcours développemental postulé par Seymour, 1997), mais rapidement basées sur des unités syllabiques en fonction de la fréquence syllabique et lexicale. La manipulation de la fréquence lexicale doit donner des indications sur le niveau de construction du lexique orthographique tandis que la fréquence syllabique doit renseigner sur le niveau de progression dans la maîtrise des unités larges de lecture.

Dans un premier temps, le but était notamment de pré-tester le paradigme nouvellement retravaillé. Cependant, il s’agissait essentiellement d’évaluer la procédure de recodage phonologique et l’utilisation précoce et durable d’un traitement syllabique auprès d’enfants de CP, CE2 et CM2. Nous essayions de caractériser le parcours développemental du recours aux unités phonologiques avec un focus sur le rôle précoce de la syllabe et l’influence de la fréquence syllabique pour lesquels peu de données étaient disponibles (mais voir Colé et Sprenger-Charolles, 1999).

Dans un second temps, nous avons proposé cette tâche à des enfants dyslexiques développementaux et à des enfants normo-lecteurs appariés en âges chronologiques et lexiques. Le but était de déterminer le format de l’unité en lecture silencieuse (i.e., syllabe, phonème ou lettre) chez des enfants présentant des troubles d’apprentissage de la lecture et de tester l’impact de la fréquence syllabique et lexicale sur la nature des traitements (i.e., phonologique et/ou visuel). Enfin, il convenait de confronter leurs résultats à ceux d’enfants normo-lecteurs afin de mettre en évidence d’éventuelles différences qualitatives et/ou quantitatives dans leurs traitements.