3.2.3. Tâche de détection visuelle de lettre à la frontière syllabique

La troisième tâche a été élaborée à partir du paradigme des conjonctions illusoires (e.g., Prinzmetal et al., 1986 ; Treisman & Schmidt, 1982). Ce paradigme d’identification perceptive de pseudomots manipulait comme facteurs les profils de sonorité à la frontière syllabique, la congruence/incongruence entre la couleur de présentation et le découpage syllabique « naturel » et le statut de la lettre-cible à identifier (e.g., coda ou attaque).

L’intérêt de ce paradigme est de proposer une tâche d’identification des unités perceptives à un niveau très précoce de traitement, avant même l’identification complète des stimuli écrits. Les erreurs qui en résultent doivent permettre d’observer plus de conjonctions illusoires d’erreurs de préservation (i.e., attribuer la couleur de la lettre ‘P’ au segment ‘UDE’ dans ‘TOLP UDE’) que d’erreurs de violation (i.e., attribuer la couleur de la lettre ‘P’ au segment ‘TOL’ dans ‘TOL PUDE’) de la frontière syllabique si la syllabe est l’unité pertinente. L’utilisation de pseudomots bisyllabiques prononçables et de profils de sonorité optimaux et atypiques doit permettre de montrer si le recours aux syllabes phonologiques est contraint par le profil de sonorité optimal ‘coda sonore-attaque obstruente’.

Dans la première partie, nous avons d’abord pré-testé cette expérience auprès d’adultes normo-lecteurs en vue d’une application ultérieure chez des enfants. L’objectif était sensiblement le même que dans la tâche de reconnaissance bimodale audio-visuelle de pseudomots, à savoir l’étude du rôle de la syllabe dans le traitement de pseudomots et l’impact du profil de sonorité à la frontière syllabique.

Dans la deuxième partie, nous avons testé ce paradigme auprès d’enfants dyslexiques développementaux à nouveau appariés à des enfants normo-lecteurs de mêmes âges chronologiques et lexiques. Ici, il s’agissait aussi d’étudier l’implication ou non d’un traitement phonologique, éventuellement syllabique, chez des enfants dyslexiques et d’évaluer l’impact de la sonorité et de la place des consonnes au sein des groupes intervocaliques chez ces mêmes enfants. Enfin, le but était de comparer les performances des enfants avec troubles d’apprentissage de la lecture avec des enfants sans difficultés.