1.4. Hypothèses générale et opérationnelles

L’hypothèse générale était la suivante :

La syllabe est une unité phonologique prélexicale précocement disponible chez l’apprenti-lecteur dont l’utilisation est consécutive à la maîtrise des règles CGP et dépendante de la fréquence syllabique.

Nous avons ainsi postulé quatre hypothèses opérationnelles :

Hypothèse opérationnelle 1a : Chez les enfants de CP, l’apprentissage et la maîtrise des règles CGP sont progressifs depuis plus de six mois avec un niveau de lecture mesuré normal. Les premiers contacts avec l’écrit se sont principalement appuyés sur des unités phonologiques infralexicales comme les phonèmes ou les syllabes. Ces enfants ont donc pu mettre en place une procédure phonologique grapho-phonémique efficace qui est déjà suffisamment aboutie pour permettre le recours à une procédure grapho-syllabique qui médiatiserait l’accès au lexique. Par conséquent, nous prédisons un traitement phonologique grapho-syllabique pour les syllabes fréquentes – mis en évidence par un effet de compatibilité syllabique (i.e., les cibles CV seront traitées plus rapidement que les cibles CVC à l’initiale des mots CV et inversement réciproque dans le cas des mots CVC) – mais un traitement grapho-phonémique pour les syllabes peu fréquentes – mis en évidence par un effet de longueur de cible (i.e., les cibles CV seront détectées plus rapidement que les cibles CVC) – indépendamment de la fréquence lexicale. Parallèlement, nous ne devrions pas observer d’effet global de fréquence syllabique et lexicale dans la mesure où ces enfants n’ont pas encore été confrontés à l’écrit suffisamment longtemps.

Hypothèse opérationnelle 1b : Chez les enfants de CE2, compte tenu d’une plus grande expérience avec l’écrit, nous envisageons un effet de fréquence lexicale (i.e., les mots fréquents seront traités plus rapidement que les mots peu fréquents) ainsi qu’un effet de fréquence syllabique (i.e., les syllabes fréquentes seront traitées plus rapidement que les syllabes peu fréquentes). Par ailleurs, grâce à une plus grande maîtrise des règles de conversion écrit-oral et d’un niveau de lecture normal, nous faisons l’hypothèse d’un traitement phonologique grapho-syllabique pour les syllabes fréquentes et peu fréquentes. Nous devrions donc obtenir un effet de compatibilité syllabique pour les deux fréquences syllabiques.

Hypothèse opérationnelle 1c : Chez les enfants de CM2, l’exposition prolongée à l’écrit a permis à ces enfants d’élaborer des connaissances orthographiques. D’autre part, les compétences liées à la maîtrise des règles CGP sont plus abouties. Combinées à un niveau de lecture normal, nous prédisons des performances proches de celles des adultes, conformément à celles dégagées dans l’étude de Colé et al. (1999). Nous nous attendons donc à un traitement phonologique grapho-syllabique pour les syllabes peu fréquentes – signifié par un effet de compatibilité syllabique – mais un traitement visuo-orthographique pour les syllabes fréquentes – matérialisé par un effet de longueur de cible. Enfin, nous devrions également observer des effets de fréquence syllabique et lexicale.

Hypothèse opérationnelle 1d : En fonction du degré d’automatisation et d’expertise, nous devrions avoir une différence globale de la vitesse des traitements entre les différents niveaux scolaires, à savoir des temps de réponse qui décroissent du CP au CM2.