1.4. Hypothèses générale et opérationnelles

L’hypothèse générale défendue était la suivante :

Les enfants dyslexiques ont des capacités de discrimination phonémique altérées et éprouvent, de ce fait, des difficultés pour discriminer des sons qui ne se différencient que par le trait phonétique de voisement, difficultées plus marquées comparativement à des enfants normo-lecteurs de mêmes âges chronologiques et lexiques.

Nous pouvons avancer cinq hypothèses opérationnelles :

Hypothèses opérationnelle 4a : Chez les enfants dyslexiques, des déficits dans la discrimination de deux sons qui ne se différencient que par le trait distinctif du voisement en perception catégorielle (e.g., Serniclaes et al., 2001), auront comme répercussions pour cette tâche des temps de réponse et un nombre d’erreurs plus élevé lorsque la distinction entre les deux sons ne porte que sur le voisement plutôt que lorsqu’elle porte sur le lieu articulatoire (e.g., Treiman, Broderick, Tincoff & Rodriguez, 1998).

Hypothèse opérationnelle 4b : Chez les trois populations d’enfants, la condition ‘différent’ sera moins bien réalisée que la condition ‘identique’ en termes de temps de réponse et du nombre d’erreurs.

Hypothèse opérationnelle 4c : Chez les enfants normo-lecteurs de mêmes âges chronologiques et lexiques, nous devrions avoir des temps de réponse et un nombre d’erreurs de plus en plus bas à mesure que les deux sons s’opposent par des traits distincts éloignés. En d’autres termes, la discrimination de deux sons devrait être mieux perçue lorsqu’il y aura une différence portant à la fois sur le voisement et sur le lieu articulatoire, puis sur un seul des deux aspects (i.e., lieu articulatoire), et enfin sur le voisement.

Hypothèse opérationnelle 4d : Chez les trois populations d’enfants, quelle que soit la condition expérimentale, nous devrions obtenir de meilleures performances pour les structures syllabiques simples (i.e., CV), plus précocement acquises et optimales en termes de complexité et de sonorité (e.g., Clements, 1990), par rapport aux structures comportant un cluster consonantique initial (i.e., CCV). De plus, les consonnes occlusives devraient être plus facilement et rapidement traitées que les consonnes fricatives dans la mesure où elles font partie du répertoire articulatoire précoce des enfants (e.g., Rondal, 1997).

Hypothèse opérationnelle 4e : La capacité de discrimination phonémique reposant sur des apprentissages et des connaissances implicites notamment stimulés par l’apprentissage explicite de la lecture (Gombert, 2003), les performances (i.e., temps de réponse et nombre d’erreurs) des enfants normo-lecteurs de même âge chronologique devraient être supérieures à celles des enfants dyslexiques et des enfants normo-lecteurs appariés en âge lexique. Cependant, les enfants normo-lecteurs de même âge lexique n’ayant pas bénéficié d’apprentissages équivalents en termes de temps à ceux des deux autres groupes, les enfants dyslexiques devraient avoir des performances supérieures à ces derniers.