2.4. Hypothèses générale et opérationnelles

L’hypothèse générale était la suivante :

Les enfants dyslexiques ont des déficits dans l’utilisation de la médiation phonologique et des règles CGP qui se traduisent par des difficultés en termes de vitesse et de précision pour traiter les pseudohomophones.

Nous défendons ainsi six hypothèses opérationnelles :

Hypothèses opérationnelle 5a : Chez les enfants dyslexiques, un déficit dans l’utilisation de la médiation phonologique qui sollicite les règles CGP devrait se marquer par un effet de lexicalité : les troubles en lecture de pseudomots et, in extenso, en lecture de pseudohomophones dans une langue transparente comme le français se répercuteront non seulement sur le nombre d’erreurs mais essentiellement sur des latences plus élevées des temps de réponse.

Hypothèse opérationnelle 5b : Chez les enfants dyslexiques, nous attendons un effet de fréquence lexicale grâce aux expositions à l’écrit qui, malgré des déficits phonologiques, reflèterait une capacité d’extraction de certaines consistances orthographiques et une relative préservation du lexique orthographique.

Hypothèse opérationnelle 5c : Chez les enfants normo-lecteurs de même âge chronologique, l’efficacité des procédures phonologiques et la stabilité du lexique orthographique n’engendreront qu’une augmentation des temps de réponse pour traiter les pseudohomophones par rapport aux pseudomots. Le recours automatique aux règles CGP favoriserait une réponse ‘positive’ pour les pseudohomophones (i.e., augmentation du nombre d’erreurs) mais le processus de vérification orthographique avec l’entrée lexicale ralentirait les temps de réponse et accroîtrait la précision des réponses. Cet effet n’est pas attendu pour les pseudomots dont la représentation phonologique n’interfère pas avec la représentation orthographique. Nous devrions donc trouver un compromis vitesse-précision, à savoir des temps de réponse plus longs pour rejeter les pseudohomophones mais un nombre d’erreurs équivalents au traitement des pseudomots. Chez les enfants normo-lecteurs de même âge lexique, les temps de réponse et le nombre d’erreurs pour traiter les pseudohomophones devraient être supérieurs à ceux pour traiter les pseudomots.

Hypothèse opérationnelle 5d : Chez les enfants normo-lecteurs de même âge chronologique, avec l’exposition à l’écrit et aux régularités de la langue, nous devrions observer des temps de réponse et un nombre d’erreurs plus bas pour traiter les mots fréquents en comparaison des mots peu fréquents.

Hypothèse opérationnelle 5e : En accord avec les théories sur l’optimalité de la sonorité syllabique et conformément à de précédents résultats expérimentaux (e.g., Sprenger-Charolles & Siegel, 1997), nous observerons aussi bien chez les enfants appariés en âges chronologiques que lexiques, des temps de réponse et un nombre d’erreurs plus faibles pour traiter les syllabes universellement présentes les plus simples (i.e., CV ; Clements & Keyser, 1983). Compte tenu de difficultés spécifiques pour associer des graphèmes à des phonèmes, le développement d’une sensibilité à des unités plus larges telles que la syllabe, quelle que soit sa structure, ne devrait pas se retrouver chez les enfants dyslexiques.

Hypothèse opérationnelle 5f : Enfin, nous attendons des temps de réponse globaux plus courts et un nombre d’erreurs global plus faible chez les enfants appariés en âge chronologique par rapport aux enfants appariés en âge lexique. Cela respecterait l’automatisation progressive des procédures de traitement de l’écrit et la stabilisation des représentations orthographiques. Les performances des enfants dyslexiques devraient toutefois se situer à un niveau intermédiaire entre les deux groupes d’enfants normo-lecteurs.