1.4. Hypothèses générale et opérationnelles

L’hypothèse générale était la suivante :

Les enfants dyslexiques n’utilisent pas de procédure phonologique syllabique en reconnaissance visuelle de mots mais plutôt une procédure visuelle séquentielle ou éventuellement une procédure phonologique phonémique, quelle que soit la fréquence lexicale et syllabique.

Nous proposons ainsi cinq hypothèses opérationnelles :

Hypothèse opérationnelle 6a : Chez les enfants dyslexiques, le niveau de lecture et les habiletés phonologiques sont inférieurs à ceux escomptés normalement. Le faible niveau de lecture aurait comme origine des déficits phonologiques et plus particulièrement phonémiques qui gêneraient l’apprentissage et la maîtrise des règles CGP. Ainsi, cela entraverait l’utilisation des procédures phonologiques grapho-phonémique et grapho-syllabique. Cependant, l’exposition à l’écrit et l’apprentissage partiel ou altéré de l’écrit pourraient avoir permis la construction de connaissances orthographiques minimales. Nous devrions donc mettre en évidence un effet de fréquence lexicale et syllabique. De plus, nous prédisons une absence de recours à une quelconque procédure phonologique et donc un effet de longueur de cible quelle que soit la fréquence des syllabes car les enfants recourraient à un traitement visuel séquentiel lettre à lettre.

Hypothèse opérationnelle 6b : Chez les enfants appariés en âge lexique, nous attendons un effet de la fréquence syllabique comme facteur de modulation des procédures phonologiques utilisées : avec les syllabes fréquentes, nous devrions obtenir un effet de compatibilité syllabique renvoyant à un traitement phonologique grapho-syllabique tandis qu’avec les syllabes peu fréquentes, un effet de longueur de cible est escompté, à savoir un traitement plus rapide des cibles CV par rapport aux cibles CVC qui témoignerait du recours à une procédure phonologique grapho-phonémique.

Hypothèse opérationnelle 6c : Chez les enfants appariés en âge chronologique, nous prédisons des patterns de résultats influencés par la fréquence syllabique : un effet de compatibilité syllabique avec les cibles peu fréquentes mais un effet de longueur de cible en faveur des cibles CV avec les cibles fréquentes, signe d’un traitement visuo-orthographique.

Hypothèse opérationnelle 6d : Chez les enfants normo-lecteurs de mêmes âges chronologiques et lexiques, nous faisons l’hypothèse que les syllabes fréquentes seront globalement mieux traitées que les syllabes peu fréquentes tandis qu’un effet de fréquence lexicale ne devrait se manifester qu’avec les enfants les plus âgés, si l’on tient compte de leur stock de connaissances orthographiques élaborées avec la répétition des expositions à l’écrit.

Hypothèses opérationnelle 6e : En fonction du degré d’expertise (i.e., automatisation) et d’habileté motrice, nous devrions avoir une différence globale de la vitesse des traitements entre les différents groupes, c’est-à-dire des temps de réponse qui décroissent entre les enfants normo-lecteurs appariés en âge lexique et ceux appariés en âge chronologique. Cependant, les performances des enfants dyslexiques, inhérentes aux habiletés tout de même développées compte tenu de leurs âges chronologiques et des expositions répétées à l’écrit, devraient se situer à un niveau intermédiaire entre les deux groupes d’enfants normo-lecteurs.