3.4. Hypothèses générale et opérationnelles

L’hypothèse générale de cette expérience, semblable à celle postulée pour la tâche de reconnaissance bimodale audio-visuelle, était la suivante :

Les enfants dyslexiques ne s’appuient pas sur une procédure phonologique syllabique et ne sont pas affectés par des traits acoustico-phonétiques pertinents pour traiter des pseudomots contrairement à des enfants normo-lecteurs.

Nous prédisons ainsi quatre hypothèses opérationnelles :

Hypothèses opérationnelle 8a : Compte tenu des faibles performances en lecture et dans des tâches impliquant des traitements phonologiques chez les enfants dyslexiques, les difficultés d’utilisation des règles CGP gêneraient le recours à la procédure de recodage phonologique. Nous défendons à nouveau l’hypothèse selon laquelle les enfants dyslexiques n’utilisent pas de procédure phonologique grapho-syllabique mais plutôt un traitement visuel séquentiel pour traiter les pseudomots. Nous ne devrions donc pas observer des temps de réponse et un nombre d’erreurs en faveur de la condition ‘compatibilité syllabe-couleur’ mais probablement une absence de différences entre les deux conditions expérimentales et une détection plus efficace de la lettre-cible ‘coda’, plus proche séquentiellement du début du pseudomot.

Hypothèse opérationnelle 8b : Chez les enfants dyslexiques, nous postulons une insensibilité de ces enfants aux caractéristiques acoustico-phonétiques comme indices de segmentation syllabique. En d’autres termes, dans la condition ‘compatibilité syllabe-couleur’, nous ne devrions pas observer d’avantage pour un profil de sonorité particulier par rapport aux autres.

Hypothèse opérationnelle 8c : Chez les enfants normo-lecteurs de mêmes âges chronologiques et lexiques, nous prédisons une utilisation d’unités syllabiques. Nous devrions donc observer de meilleures performances (i.e., nombre d’erreurs et temps de réponse) en condition ‘compatibilité syllabe-couleur’ par rapport à la condition ‘incompatibilité syllabe-couleur’. Par ailleurs, grâce à une sensibilité acoustico-phonétique développée par exposition au langage oral et aux régularités de l’écrit, nous assumons le point de vue selon lequel ces enfants devraient être plus sensibles au profil de sonorité optimal ‘coda sonore – attaque obstruente’ dans la condition ‘compatibilité syllabe-couleur’.

Hypothèse opérationnelle 8d : Enfin, nous devrions observer des temps de réponse globaux plus courts et un nombre d’erreurs global plus faible chez les enfants appariés en âge chronologique par rapport aux enfants appariés en âge lexique. Ce résultat respecterait l’automatisation progressive des procédures de traitement de l’écrit. En revanche, malgré la présence de déficits phonologiques, les performances des enfants dyslexiques qui sont en partie dépendantes d’habiletés développées avec la répétition des expositions à l’écrit depuis un nombre d’années plus important que les enfants appariés en âge lexique, devraient se situer à un niveau intermédiaire entre les deux groupes d’enfants normo-lecteurs.