1.2.1.1. Description du système tonal

Les notes

La musique occidentale catégorise les sons en 12 notes qui constituent la gamme chromatique. La musique tonale s’organise autour de sous-ensembles de 7 notes parmi ces douze, chacun de ces sous-ensembles définissant une tonalité. Par exemple, le sous-ensemble {do, , mi, fa, sol, la, si} définit la tonalité de Do Majeur 3. La succession de ces sept notes dans l'ordre ascendant (en répétant la première note à l’octave ; do, , mi, fa, sol, la, si, do) ou descendant (do, si, la, sol, fa, mi, , do) constitue une gamme dite diatonique, spécifique d'une tonalité donnée. Les intervalles entre les notes de la gamme diatonique, et plus précisément l'agencement des tons et des demi-tons, caractérisent le mode de la tonalité : majeur ou mineur. À partir des notes de la gamme chromatique, 12 tonalités majeures et 12 tonalités mineures peuvent être construites (Figure 1.2.1).

Une propriété fondamentale des tonalités est que les notes qui les composent sont hiérarchisées, c’est-à-dire que toutes les notes d’une tonalité n’ont pas la même importance. Les notes d’une tonalité sont aussi appelées degrés. Les sept degrés d’une tonalité occupent des fonctions différentes, et ces différentes fonctions leur donnent une importance hiérarchique plus ou moins grande. Le 1er degré (la tonique, le do en Do Majeur), le 3e degré (la médiante, le mi en Do Majeur), et le 5e degré (la dominante, le sol en Do majeur) sont les degrés les plus stables vers lesquels sont attirés les degrés les moins stables que sont le 2e degré (la sus-tonique, le en Do majeur), le 4e degré (la sous-dominante, le fa en Do Majeur), le 6e degré (la sus-dominante, le la en Do Majeur), et le 7e degré (la sensible, le si en Do Majeur).

Figure 1.2.1. Représentation schématique du système tonal. D’après Bigand, 1994.
Figure 1.2.1. Représentation schématique du système tonal. D’après Bigand, 1994.

Le 1er degré (la tonique) est le plus stable des degrés d’une tonalité. C’est d’ailleurs ce degré qui donne son nom à la tonalité. La tonique s’apparente à un point de référence cognitif, c’est-à-dire à un élément en référence duquel les autres éléments d’une catégorie sont perçus (Rosch, 1975). Par exemple, dans la catégorie des nombres, les multiples des dizaines et des centaines sont des points de référence par rapport auxquels les autres nombres sont perçus. Ainsi, un 9 est perçu comme étant presque un 10, mais pas l’inverse. Dans la musique tonale, la tonique joue un rôle similaire : c’est le point central de référence auquel tous les autres degrés sont subordonnés. Enfin, il faut noter qu’une même note n’a pas la même fonction, et donc pas la même importance, suivant la tonalité du contexte musical où elle apparaît : par exemple un do est la tonique en Do Majeur mais la sensible en Réb Majeur. Le système tonal est donc un cadre abstrait, qui impose une organisation hiérarchique à un ensemble de notes.

Notes
3.

Dans ce chapitre théorique, les noms de notes utilisés sont les noms français, différents des noms anglais utilisés dans les études expérimentales du Chapitre 2. Les notes do, , mi, fa, sol, la, si correspondent respectivement à C, D, E, F, G, A, et B.