Chapitre 2. Influence des connaissances tonales sur la perception : amorçage mélodique tonal

Ce travail de thèse avait deux objectifs : 1) apporter de nouveaux éléments confirmant l’influence de connaissances fines du système tonal dans la perception de sons musicaux, et 2) étudier si ces connaissances influencent le traitement de la hauteur des sons musicaux. Ce Chapitre 2 regroupe deux études effectuées dans le cadre du premier point. Ces deux études adaptent le paradigme d’amorçage à la perception de mélodies afin d’étudier l’influence de manipulations tonales fines sur la vitesse de traitement de notes cibles.

L’Etude I se situe dans le cadre du débat « cognitif / sensoriel » présenté au 1.3.1. Ce débat pose la question de l’implication de connaissances implicites du système tonal dans l’influence du contexte sur la perception. Des modèles psychoacoustiques (Parncutt, 1989 ; Leman, 2000) ont en effet mis en cause l’interprétation cognitive des données montrant une influence du contexte tonal. Ces modèles suggèrent que la simple perception des régularités acoustiques des séquences expérimentales permettrait d’expliquer les effets de contexte, sans qu’il soit besoin de supposer l’existence de connaissances implicites du système tonal. L’Etude I plaide pour la réalité des connaissances implicites en montrant que, lorsqu’on contrôle très fortement les régularités acoustiques dans le matériel expérimental, le modèle de Leman n’est plus capable d’expliquer des effets de contexte.

L’Etude II s’intéresse à la finesse des connaissances tonales des auditeurs. Contrairement aux études d’amorçage effectuées précédemment (Bharucha & Stoeckig, 1986, 1987 ; Bigand & Pineau, 1997 ; Bigand et al., 2001, 2003 ; Tillmann, Janata, Birk, & Bharucha, 2003, 2008), cette étude contrastait des paires de cibles appartenant à la tonalité du contexte mais n’incluant pas la tonique. Les cibles utilisées était la médiante (3ème degré) pour les cibles reliées et la note sensible (7ème degré) pour les cibles non reliées. Ce choix de degrés permettait : 1) d’évaluer les connaissances tonales des auditeurs à un niveau plus fin que les études précédentes, et 2) de montrer que l’amorçage tonal n’est pas dû à la primauté de la tonique comme note finale des séquences de musique.