2.1. Etude I. Quelle est la part des connaissances tonales dans l’influence du contexte musical ?

L’Etude I apporte de nouveaux éléments au débat « cognitif / sensoriel » présenté au 1.3.1. L’objectif de cette étude était de montrer que des attentes cognitives (basées sur les connaissances tonales des auditeurs) entraînaient un effet d’amorçage pour des notes cibles présentées dans des contextes mélodiques, indépendamment des facteurs sensoriels d’attentes musicales (comme le recouvrement acoustique).

Une première expérience d’amorçage contrôlait les facteurs sensoriels en manipulant la relation tonale entre la note cible (la dernière note) et le contexte par le changement d’une seule note (éventuellement répétée) dans le début des mélodies. La note cible était soit la tonique (tonalement reliée) soit la sous-dominante (tonalement moins reliée). Les participants effectuaient une tâche de discrimination de timbre sur la note cible : elle était jouée par un timbre A ou un timbre B et les participants jugeaient le plus vite et le plus correctement possible quel était le timbre (A ou B) qui jouait cette note. Un effet d’amorçage a été observé : les cibles reliées étaient jugées plus rapidement que les cibles non reliées.

Malgré la subtilité de la manipulation acoustique (une seule note changée), des simulations de nos mélodies avec le modèle de Leman (2000) donnaient des valeurs de contextualité tonale plus forte pour les notes cibles reliées que non reliées : l’effet d’amorçage observé dans la première expérience était donc prédictible sans supposer l’intervention de connaissances, sur la seule base des caractéristiques acoustiques des mélodies.

Cependant, le modèle de Leman échouait à prédire un effet d’amorçage tonal lorsqu’on diminuait la richesse acoustique des mélodies (i.e., lorsque les mélodies étaient jouées avec des sons purs). Au contraire, une deuxième expérience d’amorçage réutilisant les mélodies de l’Expérience 1, mais enregistrées avec de sons purs, montrait toujours un effet d’amorçage. Cet effet d’amorçage pour les sons purs suggère fortement que des processus descendants (top-down) liés à des connaissances tonales des auditeurs entraînent le développement d’attentes perceptives qui influencent la perception.