3.2. Etude IV. Attentes tonales et perception de la hauteur : corrélats électrophysiologiques

L’Etude III a montré que les attentes tonales influencent la perception de la hauteur, et l’utilisation de la théorie de la détection du signal a suggéré que la perception de la hauteur serait influencée à des niveaux de traitement précoces, i.e. à des niveaux perceptuels et pas seulement décisionnels. L’Etude IV prolonge l’Etude III en étudiant l’influence des attentes tonales sur la perception de la hauteur par une approche de potentiels évoqués.

Les séquences mélodiques et la tâche de comparaison de hauteurs entre avant-dernière note et dernière note de l’Etude III (Expérience 3) ont été réutilisées, et les potentiels évoqués sur les avant-dernières notes et sur les dernières notes ont été étudiés. L’utilisation des séquences mélodiques de l’Etude III permettait de se focaliser sur les attentes cognitives tonales des auditeurs, en contrôlant les attentes sensorielles liées aux régularités acoustiques.

Pour les avant-dernières notes, l’utilisation de notes cibles diatoniques (tonique vs. sous-dominante) permettait de manipuler les régularités tonales sans introduire de violation des régularités acoustiques, et donc de s’assurer que les potentiels évoqués sur les avant-dernières notes ne reflétaient pas un traitement d’irrégularités acoustiques. L’utilisation de séquences avec répétition de la note cible permettait de s’assurer que les potentiels évoqués sur les avant-dernières notes ne reflétaient pas non plus de processus décisionnels liés à la tâche (qui portait sur les dernières notes). Les cibles tonalement reliées (tonique) évoquaient une P1, une P2, et une LPC plus larges que les cibles tonalement moins reliées (sous-dominante). Ces potentiels pourraient refléter des processus de mémoire et de sélection attentionnelle précoce.

Pour les dernières notes, un complexe N2b-P3 était évoqué par les déviations de hauteur. Ce résultat est en accord avec des études précédentes qui ont étudié les potentiels évoqués par la détection de petites déviations de hauteur (Besson et al., 2007 ; Tervaniemi et al., 2005). Ce complexe pourrait refléter des processus décisionnels liés à la tâche. La N2b était modulée par la relation tonale dans la région antérieure droite : Ce résultat suggère qu’une négativité de type ERAN, reflétant le traitement des régularités tonales, était évoquée sur les dernières notes.

L’ensemble de ces résultats montre que les attentes tonales influencent le traitement de la hauteur à différents niveaux : aux niveaux de traitements décisionnels, mais aussi aux niveaux de traitements de mémoire et au niveau de la sélection attentionnelle précoce.