Niveaux de traitement influencés par les attentes tonales

L’Etude III a montré à travers trois expériences comportementales qu’un changement de contexte tonal entraîné par un léger changement acoustique (une note de différence entre les contextes tonalement reliés et moins reliés) suffit à moduler la perception de la hauteur, même chez des auditeurs non-musiciens. Les notes cibles étaient jugées plus justes quand elles étaient tonalement reliées (Exp.1), la catégorisation des cibles en notes justes ou fausses était facilitée quand les cibles étaient tonalement reliées (Exp.2), et la détection de faibles déviations dans une tâche de comparaison de hauteurs était facilitée quand les notes à comparer étaient tonalement reliées au contexte (Exp.3). Ces résultats permettent d’étendre l’influence des attentes tonales observées dans les études d’amorçage harmonique à un niveau de traitement moins intégré que le traitement du timbre, de la consonance d’un accord, ou de l’identification d’un phonème. De plus, l’utilisation de la théorie de la détection du signal montre que le contexte tonal influence la sensibilité des participants, et donc influence le traitement de la hauteur au niveau perceptuel (par opposition à décisionnel). Une influence au niveau perceptuel suggère que les attentes tonales influencent la perception de la hauteur à un niveau de traitement précoce, ce qui souligne l’importance des connaissances tonales implicites dans la perception auditive. Les connaissances tonales ne modulent pas que la perception auditive : Escoffier et Tillmann (2008) ont montré que la relation tonale influence la perception visuelle (tâche de discrimination de formes visuelles). Ce résultat indique que l’influence de la relation tonale sur la perception s’exerce via des mécanismes attentionnels ; l’intérêt d’étudier l’influence de la relation tonale sur la perception de la hauteur est alors de tester si la relation tonale met en jeu des mécanismes attentionnels qui agissent à un niveau précoce (par exemple, au niveau du traitement de la hauteur) ou tardif (par exemple, au niveau de processus décisionnels).