4.2.3. Perspectives

Influences descendantes des attentes tonales et traitements corticaux précoces

Ce travail de thèse a testé l’influence des connaissances tonales sur des traitements auditifs de bas niveau en se focalisant sur le traitement de la hauteur. Alors que l’Etude III a montré une influence des connaissances implicites tonales sur le traitement de la hauteur, y compris chez des non-musiciens, l’Etude IV s’est restreinte à des participants qui avaient reçu une formation musicale (étudiants de conservatoire ou en faculté de musicologie). Il faudrait répliquer les effets précoces de l’Etude IV avec des non-musiciens pour pouvoir conclure que ces effets viennent des connaissances implicites communes aux musiciens et non-musiciens, et non pas de l’expertise explicite des musiciens.

L’étude d’autres traitements de bas niveaux pourrait souligner l’importance des influences descendantes des attentes tonales. Une influence de la relation tonale pourrait être recherchée sur le traitement de l’intensité sonore, de la durée, de la localisation spatiale, ou la détection d’un son dans le bruit. Montrer une influence de la relation tonale sur des traitements plus précoces que le traitement de la hauteur mettrait en évidence que la perception (ici, la perception auditive) est influencée par notre environnement culturel (ici, la musique occidentale tonale).

Les mécanismes de l’influence des attentes tonales sur les traitements de bas niveau pourraient être étudiés en s’inspirant des approches psychoacoustiques de l’attention auditive (voir Scharf, 1998 pour une revue). Par exemple, pour la détection d’un son dans le bruit, la méthode « signal-sonde » (probe signal methode, présentée au 1.3.1) de Greenberg et Larkin (1968) pourrait être adaptée pour évaluer l’influence de la relation tonale sur les filtres attentionnels. On peut supposer qu’un effet de la relation tonale se traduirait par une modification de la forme des filtres attentionnels : Dans la condition tonalement reliée, les filtres attentionnels devraient être centrés sur la dernière note, alors que dans la condition non reliée ils devraient être décalés (ou étirés) vers la fréquence de la tonique instaurée par la tonalité du contexte non relié. Adapter la méthode « signal-sonde » pourrait également permettre d’étudier l’influence des attentes tonales sur l’intensité ou la localisation spatiale, en mesurant l’impact d’une manipulation de l’intensité ou de la localisation spatiale sur les filtres attentionnels, dans les conditions tonalement reliées et non reliées.