3. Zelten : personnage-clef

Au terme de l’élaboration de liens humains entre eux, Jean devient beaucoup moins éloquent en Robineau qui garde cependant des traits pittoresques de son double romanesque ; Siegfried et Geneviève sont liés par l’intrigue romantique nouvellement inventée par l’auteur. Mais, que fait Giraudoux de Zelten ?

La première impression que le spectateur de Siegfried aura du personnage n’est pas difficile à imaginer : on le prendra pour un rival redoutable du héros de l’intrigue romantique. L’entrée de Zelten est devancée par le mot de méfiance d’Éva, secrétaire de Siegfried :

‘Les bruits les plus fâcheux courent sur le compte de Zelten. [...] On raconte qu’il a acheté la police et qu’hier soir même, tous les agents étaient convoqués chez lui. 196

La première réplique que l’auteur lui attribue est adressée à Eva et assez vexante pour celle-ci : « je vois que tu fais toujours bonne garde autour de ton nourrisson » 197 . Le public comprend tout de suite qu’il s’agit de Siegfried lorsque Zelten dit « nourrisson », après avoir entendu la méfiance contenue dans la réplique précédente d’Eva. En entrant sur la scène, il ne fait que critiquer Siegfried en se moquant d’Éva, et insiste sur le fait, d’un côté, que la popularité de cet homme politique ne doit qu’à sa mystérieuse identité ; de l’autre côté, que l’Allemagne moderne unifiée sous l’égide de la philosophie de Siegfried, qui est « une entreprise sociale et humaine », s’oppose à l’ancienne Allemagne pleine de pittoresques que Zelten veut garder, qui est « une conjuration poétique et démoniaque ». Après la scène de retrouvailles et d’amitié entre lui et Robineau, Zelten se remet à parler du projet de conspiration et se retire pour réapparaître dans la scène 2 de l’acte III, afin de se trouver définitivement face à face avec l’amnésique et révéler finalement le secret de ce dernier. La fonction du rôle est ainsi explicitée : Zelten est là pour former le nœud l’action dramatique. L’agencement de scènes et de personnages étant ainsi bien calculé, Giraudoux réussit à rendre clairs les liens interpersonnels dans la pièce, ce qui fait que le coup de théâtre est très marqué.

Or, par rapport aux scènes dans lesquelles Zelten se présente comme l’adversaire de Siegfried, la scène de retrouvailles et d’amitié entre Zelten et Robineau dans la scène 6 de l’acte I est connotée différemment :

‘Ils restent à distance un moment, se contemplant silencieusement, à travers toute la scène.
Zelten : Voilà !
Robineau : Voilà !
Zelten : C’est toi, Robineau, Hippolyte-Amable ?
Robineau : Otto-Wilhelmus bon Zelten-Buchenbach, c’est moi.
Zelten : C’est toi, brachycéphale brun, surchargé de lorgnons, de gilets de laine, terrible dans les assauts ?
Robineau : Oui, crème de culture, beurre de carnage, fils d’Arminius, c’est moi.
Zelten : J’ai l’impression que nous nous parlons de très loin au téléphone, Robineau, qu’un rien suffirait pour couper la communication... Tiens bien l’appareil !... Je te vois pourtant. Tu n’as pas changé.
Robineau : Ni toi... 198

Une certaine gaucherie verbale est présente ici : le dialogue n’a pas de ton gratuitement amical, car ils disent « voilà! » comme s’ils trouvaient un objectif militaire. Ensuite, cela prend un aspect un peu disciplinaire. En soldat, ils devaient se présenter ainsi dans l’armée : dire le prénom et tout le nom, afin de se faire reconnaître au front. Mais, à cette présentation disciplinaire s’ajoutent des détails qui ne semblent pas tellement nécessaires à relever : « lorgenons », « crème de culture », « beurre de carnage »... L’intérêt de cet échange de répliques consiste dans le fait que par le moyen d’une discipline sévère mais fréquente en temps de guerre, chacun rappelle petit à petit des détails mineurs de son ami étranger jusqu’à ce que soit dissipée la sévérité des traits militaires inhérents à la forme énonciative. Ainsi est évoquée leur relation interpersonnelle très compliquée qui vient de se terminer grâce à la fin de guerre : l’un est Français et amoureux de la culture de l’ancienne Allemagne. L’autre est Allemand francophile. Le respect mutuel et interculturel les liait et pourtant, la guerre a éclaté et ils sont devenus ennemis.

Le curieux est qu’ils ne se rapprochent pas tout de suite, mais « restent à distance ». Or, cette distance n’est pas représentée que par la mise en scène. C’est qu’avant qu’ils se rapprochent finalement, Zelten évoque la distance qui les séparaient par la figure du téléphone que nous venons de citer, ainsi que celle de la balle :

‘Zelten : Heureusement nous sommes maladroits, Robineau, nous nous sommes manqués. Tu me visais ?
Robineau : Plusieurs fois, dans les attaques, en pensant à toi, j’ai levé mon fusil et tiré vers le ciel.
Zelten : Tu l’as raté aussi ! Il continue ses errements, du moins au-dessus de l’Allemagne. Mais je pensais bien en effet que tu ne t’acharnais pas contre ton ancien ami. Toutes les fois qu’une balle me ratait, je me disais : c’est encore ce brave Robineau qui tire ! Toutes les balles qui atteignaient, comme tes paroles d’ailleurs, des objets qui n’avaient rien à faire avec elles, des bouteilles, des poires sur des arbres, je ne pouvais m’empêcher de penser que c’étaient les tiennes. Mon adjudant a été touché une fois à la fesse, tout le monde riait : j’ai pensé à toi...(Ils se rapprochent. Affectant la conversation familière) Bonjour, Robineau.
Robineau : Bonjour, Zelten.
Zelten : Tu vas bien ?
Robineau : Pas mal, et toi ?
Un silence. 199

Ici aussi, de même que la forme énonciative disciplinaire est exploitée pour représenter l’amitié profonde entre les deux anciens soldats de différente nationalité, la distance qui les sépare visuellement est mise en valeur. Zelten peut penser beaucoup à son ami absent comme si celui-ci était là, auprès de lui. La distance fait valoir le pouvoir de Zelten un peu comme une espèce de « télépathie » amicale.

Giraudoux présente ainsi deux facettes différentes du personnage allemand : l’un est rival du héros, l’autre est l’ami plein d’humanité de Robineau. La première facette est nécessaire au déroulement de l’action, car sans Zelten, cet adversaire redoutable, le coup du théâtre ne se produirait pas. Mais la deuxième nous intrigue. Pourquoi Zelten ne fait-il pas sa première apparition plus « naturellement » ? La scène rompt nettement avec l’illusion mimétique. La réticence éprouvée par les deux hommes à l’égard des retrouvailles aurait pu être mise en scène de la façon plus réaliste...

Giraudoux donne à Zelten un pouvoir curieux dans le roman, mais là, le pouvoir s’avère plus net que la télépathie supposée dans la pièce. Il s’agit du pouvoir magnétique qui s’exerce sur le narrateur de Siegfried et le Limousin. La première apparition de Zelten est devancée par le passage sur un souvenir de Zelten hypnotiseur, prononcé par le narrateur quand celui-ci attend son ami allemand à la Rotonde, un des repaires parisiens – mais plein de traits imaginaires - de ceux qui sont zelteniens :

‘Soudain je ressentis l’appel qui prévient les suggestionnés de l’approche de l’hypnotiseur. Il va sans dire que Zelten avait un pouvoir magnétique, et m’avait même une fois endormi. Pendant la guerre, à deux ou trois reprises, j’avais cru percevoir cette succion d’un esprit, parfois tellement vive qu’elle semblait venir de la tranchée d’en face. Zelten, si je me laissais guider aujourd’hui par ce message, prenait en ce moment le tramway vert au quai d’Orsay […] 200

L’idée globale qui sera transposée dans Zelten télépathique y est présente, même si son pouvoir s’exerce dans le sens contraire : c’est Jean qui ressentait la présence de Zelten. Celui-ci n’est bien sûr pas là car c’est justement pendant la première guerre mondiale. Malgré cela, Jean a l’impression d’entendre la voix de son ami allemand ; ces deux amis liés par une amitié profonde peuvent communiquer l’un avec l’autre sans se retrouver ensemble.

Outre cet épisode sur l’appel onirique entre Zelten et Jean, le roman Siegfried et le Limousin est très riche en mystères notamment quand il s’agit de cet Allemand. D’un côté, son identité sociale n’est pas bien éclairée ; il vivait et fréquentait le quartier de Montmartre avant la guerre et fit connaissance avec le narrateur à ce moment-là. Pourtant on ne sait pour quelle raison il est à Paris au moment où Jean se décide à partir en Allemagne au début de ce récit romanesque, et comment cet allemand pouvait préparer pour son ami français un faux passeport de nationalité canadienne. Fait-il des affaires dans tel ou tel marché clandestin ? Ou bien est-il assez haut placé dans le gouvernement allemand pour faire fabriquer un faux passeport ? Les deux choix sont possibles.

D’un autre côté, chaque fois que Zelten paraît sur le plan du récit, Jean se laisse prendre par l’envie de digressions, et laisse le lecteur ignorant des données personnelles de cet Allemand. C’est le cas de la scène de retrouvailles du narrateur avec Zelten. Citons le résumé du passage concerné, fait par R.-M. Albérès :

‘Sa première rencontre avec Zelten commence par : « Je retrouvai Zelten. Je fus convoqué par mon marchand de tableaux... ». Mais une longue description de trois dessins chez le marchand nous amène à un paysage de Rome daté de mai 1648, et Giraudoux insiste sur la fraîcheur particulière du printemps de 1648, jusqu’au moment où il se sent obligé d’écrire : « Mais revenons à Zelten. Quand j’eus demandé le prix de ces dessins et que je les eus ravis [...], j’appris qu’ils avaient été apportés d’Allemagne par le petit comte von Zelten... » Le narrateur se rend à un rendez-vous fixé par Zelten, mais en l’attendant, rappelle longuement leur intimité avant 1914. Lorsque Zelten l’a rejoint, la rencontre est très rapidement interrompue par : « Voilà dix-sept ans, en pension, à Munich... » 201

Dans le passage concerné, Jean répète le nom de son ami toutes les vingt lignes : « Je retrouvai Zelten », « Mais revenons à Zelten », « j’attendis donc Zelten »... ce qui attire chaque fois l’attention du lecteur sur le personnage. Pourtant, contre toute attente, le narrateur ne parle que des souvenirs que le nom de Zelten lui rappelle : l’histoire de trois peintures apportées par Zelten ; la rangée de bâtiments et les passants dans la ville parisienne que Jean voyait en allant retrouver Zelten ; l’atmosphère pittoresque dans le café de La Rotonde, le lieu du rendez-vous avec Zelten... Après plusieurs lignes de ces  « divagations poétiques », Jean se met à parler enfin de Zelten, mais non sans errances encore :

‘J’attendais Zelten avec quelque angoisse, car non seulement il allait m’aider à percer le mystère S.V.K., mais parce qu’il était, de mes nombreux camarades allemands, le premier que je revoyais, et aussi le plus cher. Dans quelques minutes, lorsqu’il allait marcher sur moi, sa silhouette de face semblable comme toutes les silhouettes humaines à la tranche d’une clé, je saurais donc ce qu’il ouvrait, ce qu’il fermait, et si je devais me faire à l’idée que l’Allemagne pour moi n’existait plus. Or, comme tous les Français, par peur peut-être de l’eau, ma pensée appuyait volontiers vers le continent. J’étais prêt à en faire le sacrifice, mais j’avais l’impression que je vivrais difficilement sans l’Allemagne, et je me sentais parfois, tous les fils qui me liaient à mes amis de Berlin, de Dresde ou de Munich tranchés, désorienté sur mon côté allemand et comme le chien auquel on a coupé à droite la moustache-antenne qui lui donne sa seconde vue et sa seconde ouïe. 202

Ici encore, Zelten n’est qu’un point de départ pour une nouvelle digression. Il n’est donc qu’une « silhouette semblable à la tranche d’une clé » qui permet à Jean de se retrouver passionné du pays voisin.

La digression qui débute chaque fois que le narrateur rappelle le nom de Zelten produit un curieux effet : le lecteur comprend que Jean ne fait vraiment pas la différence entre des détails sur l’Allemange et des détails concernant son ami allemand. Ce qui est bien affirmé par le narrateur : « il était l’Allemagne ».

‘Zelten avait tous ces défauts superbes et voyants dont on ornait chez nous les Allemands jusqu’en 1870, et qu’il va bien falloir trouver un autre peuple pour porter, s’ils s’entêtent à vouloir être chauves, rapaces et pratiques : il avait des cheveux blonds en boucles, il sacrifiait chaque minute à des chimères, il descendait habillé dans les bassins pour poser la main sur le jet d’eau ou remettre sous la bonne aile le bec du cygne endormi : il était l’Allemagne. 203

Insistons sur le fait que dans cette affirmation, Zelten équivaut à son pays, mais à une condition : l’Allemagne de Zelten n’est pas moderne mais ancienne. Alors qu’est-ce que l’ancienne Allemagne ? En guise de réponse à cette question, citons le dernier propos du « dictateur » Zelten qui est en train de partir après sa chute.

‘- Messieurs, dit Zelten, dans une heure j’aurai quitté le palais. [...] Ce qui m’en expulse, ce sont deux télégrammes pour Berlin que voilà interceptés : le premier vient d’Amérique et est adressé à Wirth. Je vous le lis : « Si Zelten se maintient Munich, annulons contrat pétrole. » Le deuxième vient de Londres et est adressé à Stinnes : « Si Zelten se maintient Munich annulons contrat Volga et provoquons hausse mark. » Par contre, je n’ai intercepté aucun télégramme disant : « Si Zelten est roi, musiciens allemands refusent composer et jouer. » « Si Zelten est président, philosophes allemands incapables penser et décorateurs feront grève. » « Si Zelten est Premier consul, jeunes filles allemandes renieront jeunesse allemande, printemps allemand refusera produire myrtilles et narcisses... » 204

L’Allemagne de Zelten est riche en musiciens, en philosophes, en décorateurs, en jeunes filles. C’est un pays de chimères, d'arts, d’assemblages d’innombrables petites choses mineures. L’ancienne Allemagne symbolise ainsi la pluralité. Elle rivalise de pouvoir avec l’Allemagne moderne soutenue par l’industrialisme américanisé, mais en vain. Wirth et Stinnes sont des personnages réels : le premier est « le chef du gouvernement allemand [...] à l’époque où l’action du présent roman est censée se dérouler » 205 et le deuxième est « maître d’un des principaux konzerns allemands (charbon, industries métallurgiques et électriques) ». 206 Le pays est modernisé et s’unifie tout en se débarrassant de poussières historiques qui appartenaient au pays auparavant. La chute de Zelten représente la défaite de la pluralité de l’ancienne Allemagne devant l’unité de celle qui est moderne symbolisée par Siegfried. Si bien que la cause des digressions successives de Jean qui éclatent chaque fois que celui-ci se souvient de Zelten ne doit pas être attribuée seulement au caractère rêveur et distrait du narrateur. Ces digressions symbolisent l’ancienne Allemagne dans la mesure où elle est l’incarnation de la diversité culturelle, économique et historique et que Zelten est la forme personnifiée de ce pays du passé. Jean parle de l’Allemagne et de Munich justement pour parler de Zelten.

Il est bien remarquable à cet égard que Giraudoux laisse les propos sur Zelten que nous venons de citer plus en haut dans la version définitive de la pièce. D’un côté, Giraudoux fait prononcer à Robineau la réplique suivante, lorsque celui-ci est avec Geneviève dans la scène 5 de l’acte I :

‘Robineau : Zelten n’est pas ce que tu appelles mon Allemand, à moins que ce ne soit au contraire le seul allemand qui subsiste. Il a tous ces défauts sonores et voyants dont on ornait chez nous les Allemands avant 1870, les cheveux blonds, l’intimité avec les chimères, les distances avec les réalités, l’emphase sincère, et dont il va bien falloir doter un autre peuple, s’ils s’entêtent à brûler nos villes et à se raser le crâne. 207

Ainsi, à de petits détails près, ces deux passages, l’un du roman, l’autre de la pièce dramatique, sont étonnamment semblables. De l’autre côté, Zelten rappelle, à ceux qui viennent traquer l’auteur du coup d’État, qu’il quitte le pouvoir non pas à cause de l’ordre de l’Allemagne moderne dressée sous l’égide de Siegfried, mais à cause de « deux télégrammes » qu’il a interceptés. L’un provient de Morgan Rockefeller au Président du Reich : « Si Zelten se maintient à Gotha, annulons contrat phosphate artificiel ». L’autre est de Londres : « Si Zelten reste pouvoir, provoquons hausse mark ». En plus, Giraudoux n’oublie jamais de garder le passage concernant les sortes de télégrammes qu’il n’a pas interceptés : « Si Zelten est président, musiciens allemands annulent symphonies Beethoven », « Si Zelten est régent, philosophes allemands incapables désormais définir impératif catégorique... » 208 . La ressemblance saute aux yeux à propos de ce passage aussi.

En résumé, Giraudoux laisse volontairement la relation analogique entre le personnage et l’ancienne Allemagne dans la pièce. Puisqu’il faut penser à l’agencement des scènes et à l’élaboration des liens humains entre les personnages, Giraudoux renforce le côté antagoniste de Zelten. Mais à part cela, Zelten est un personnage plus « complet » pour l’auteur, non seulement dans la version romanesque mais dans la version scénique, car sans doute, c’est lui qui prend en charge l’amour pour l’ancienne Allemagne que ressent l’auteur lui-même.

La structure du récit romanesque de Siegfried et le Limousin est très compliquée : le « moi » du narrateur contient plusieurs voix différentes dont l’identité est tantôt certaine comme dans le cas de Zelten, tantôt incertaine, ce qui fait que, la narration est une espèce de tissu épais et doublé. Cette étoffe épaisse se compose de l’entassement de descriptions de petites existences se trouvant par ci par là en Allemagne, et d’innombrables microcosmes. Mais ce n’est pas tout : la superposition de plusieurs épaisseurs narratives est redoublée par l’équivoque de quelques personnages principaux : Geneviève étant une espèce d’incarnation de l’anonymat, elle ressemble à celui qu’elle aime, comme si elle pourrait s’incarner dans cette personne ; elle ressemble tantôt à Zelten, tantôt à Siegfried, tantôt à Jean, le narrateur, et tantôt à... n’importe quelle personne inconnue. La distinction identitaire entre Siegfried-Forestier et le narrateur est ébranlée dans le cadre du rêve de ce dernier décrit dans le récit onirique. Jean et Zelten, liés par le pouvoir magnétique, peuvent communiquer sans se voir. Siegfried et Zelten sont des symboles de l’Allemange, l’un représente le pays moderne, l’autre l’ancien, étant donné qu’ils se présentent comme l’assemblage de signes allemands. Ainsi le roman est-il structuré par plusieurs histoires, plusieurs points de vue, ou bien plusieurs mondes parallèles. Sous une forme d’écriture à la première personne, Siegfried et le Limousin est le roman des pluralités. Un sujet qui parle peut-être un objet dont un autre sujet parle.

C’est cette structure narrative qui est décomposée lors de l’adaptation théâtrale. À la place de cette épaisseur fondée sur l’ensemble des points de vue différents, l’univocité de l’intrigue et la clarté des relations interhumaines s’imposent. Mais, est-ce que la structure polyphonique ne laisse que de petites traces ? Ou mieux, ces petites traces sont-elles tout simplement des superflus qui ne font que déranger la linéarité de l’intrigue dramatique ? Essayons de répondre à cette question, en guise de synthèse de la réflexion sur l’adaptation théâtrale de ce roman.

Notes
196.

Siegfried, p. 5.

197.

Ibid., p. 5.

198.

Ibid., p. 14.

199.

Ibid., pp. 14-15.

200.

Siegfried et le Limousin, p. 631.

201.

R.-M. Albérès, op. cit., pp. 132-133.

202.

Siegfried et le Limousin, p. 628. C’est nous qui soulignons.

203.

Ibid., p. 629. C’est nous qui soulignons.

204.

Ibid., p. 766.

205.

Ibid., notice, p. 1705. page 766, note 1.

206.

Ibid., notice, p. 1705. page 766, note 2.

207.

Siegfried, p. 13.

208.

Ibid., p. 46.