II Louis Jouvet et l’irréalisme au théâtre

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, l’irréalité dans le théâtre de Giraudoux est étroitement liée à la présence du spectateur. C’est par l’intermédiaire du regard, de l’imagination, de la participation intellectuelle de ce dernier que l’irréalité scénique prend forme sur la scène. Pour cela, il faut que le metteur en scène comprenne bien la nécessité de la participation du spectateur. En effet, la mise en valeur de sa présence dans la salle est un des intérêts primordiaux de Louis Jouvet, depuis le début de sa carrière professionnelle, avant même sa rencontre avec Giraudoux.

Il nous semble important d’esquisser un portrait de cet homme de théâtre avant d’analyser la représentation d’Ondine, la pièce qui est un perfectionnement du théâtre irréaliste de Giraudoux et avec laquelle la maîtrise de l’écriture de Giraudoux atteint au sommet, car, comme nous l’évoquerons plus loin, la création de la pièce est le fruit de leur entente mutuelle à la fois personnelle et professionnelle. Nous parlerons de Jouvet de trois points de vue : Jouvet comme décorateur-machiniste, sa quête perpétuelle du « secret » du théâtre, enfin les points communs littéraires et spirituels entre Jouvet et Giraudoux.