I.2.4. L'éducation traditionnelle

Comme l'écrit Pierre ALEXANDRE (1973) : "L'éducation traditionnelle africaine visait l'intégration harmonieuse de l'individu dans le groupe social, conformément au statut que lui assignait son sexe, son rang de naissance, la fonction sociale de ses parents... Il s'agissait d'enseigner à l'enfant, à la fois les techniques nécessaires à la vie individuelle et collective, et les éléments non matériels constituant la culture du groupe ou certains d'entre eux". 4

L'éducation traditionnelle au Congo assurait le plein épanouissement mental, physique et intellectuel de l'enfant en même temps qu'elle assurait sa socialisation. L'enfant apprenait à l'école de la vie où tout adulte était plus ou moins un maître. Il n'était pas placé dans une situation éducative institutionnalisée où des spécialistes de l'enseignement se chargeaient de sa formation. Au fur et à mesure qu'il grandissait, on le plaçait devant des situations de la vie courante.

Pierre Erny (1973) reconnaît qu'en Afrique noire "une grande partie de l'action éducative des adultes sur les enfants se déroule sans que ni les uns ni les autres ne s'en rendent vraiment compte 5.

Même si l'enfant regardait, écoutait et reproduisait par lui-même, les adultes veillaient toujours à ce que la théorie soit suivie de la pratique. Le but était de former un être capable de subvenir non seulement à ses propres besoins, mais aussi à ceux de son clan et de la société, sachant que la vie de chacun n'avait de valeur qu'à l'intérieur des liens étroits du clan. Cette éducation servait aussi et surtout à véhiculer aux jeunes générations le respect et la pratique des rites, us et coutumes de la collectivité ; en particulier les interdits et les tabous dont la transgression entraînait les représailles quelquefois très graves. Chez les Mbetis, par exemple, tout homme doit s'abstenir d'avoir des relations sexuelles avec une femme pendant la période des menstrues, au risque de tomber malade. Il est, par exemple, aussi interdit de passer avec une source de flamme derrière le dos d'une femme enceinte, celle-ci risquerait de mettre au monde un enfant malvoyant.

L'éducation que l'enfant recevait était totalisante et polyvalente et se faisait essentiellement de façon orale.

Notes
4.

Cité par Pierre ERNY dans : L'enfant et son milieu en Afrique noire, essai sur l'éducation traditionnelle, Payot, Paris, p. 3.

5.

ERNY (P.) : L'enfant et son milieu en Afrique noire, essai sur l'éducation traditionnelle, Payot, Paris, p. 3.