En raison de son caractère polysémique, le concept de représentation demeure un concept complexe, mais dont la validité et la fonction sont attestées par les pratiques qui s'y réfèrent : reproductions graphiques, images, mythes... Il permet de rendre présent quelque chose d'absent. Il y a représentation si le sujet situe clairement et explicitement l'objet en cause dans son propre espace intérieur. C'est dans son interaction avec le réel que le sujet forme et construit ses représentations.
Henri PIERRON (1978) définit schématiquement la représentation comme "le contenu concret de la pensée (relatif à un objet donné)" 10. Serge MOSCOVICI (1961) et René KAES (1968) à partir d'objet d'étude différents, s'accordent à définir la représentation comme produit et processus d'une activité de construction mentale du réel par un appareil psychique humain.
Selon Jacques VAUCLAIR (1987) : "l'acceptation de ce concept, tel qu'il est admis par un nombre croissant de psychologues, désigne la capacité pour un organisme de produire une réponse en l'absence d'un stimulus extérieur. Autrement dit, l'organisme est capable de se représenter une (ou plusieurs) propriété (s) d'une expérience antérieure et cette propriété lui sert d'indice pour choisir la réponse appropriée" 11. Jean-François LENY définit de façon générale "une représentation" comme un "ensemble structuré de symboles qui entretiennent - séparément et par groupes - une relation biunivoque de correspondance avec un univers" 12.
Robert MARTIN (1983) 13 distingue pour sa part deux types de représentations :
Les informations, les acquisitions et les savoirs du sujet constituent les représentations-connaissances qui jouent dans la construction des représentations. Les représentations-conduites orientent l'action d'un individu vers l'accomplissement d'un objectif.
Michel DENIS (1976) définit en effet les représentations comme "l'ensemble des acquisitions d'un individu [...] dans ses structures mentales et pouvant être évoquées lorsque les situations l'exigent sous forme d'image, de concept, de notions" 14. Cette définition de DENIS M. fait référence à l'inscription en mémoire à long terme de la connaissance que l'être humain possède des objets. Et c'est à travers une expérience cognitive, réponse verbale ou graphique par exemple, que l'individu pourra témoigner de l'actualisation de la représentation.
Pour Roger PERRON (1990) 15 : "Il n'y a représentation que si le sujet la situe clairement dans son propre espace interne, que dès lors on peut considérer comme un espace représentatif. Si le sujet pose la réalité en cause dans le monde extérieur, alors il y a deux cas possibles. Ou bien c'est une perception, c'est-à-dire que toute personne présente situera aussi cet objet dans le monde extérieur comme objet de regard commun. Ou bien c'est une hallucination, c'est-à-dire que cet objet ne sera pas perçu par les autres" 16. Ce qui pousse cet auteur à concevoir une "hallucination" comme une représentation qui se donne frauduleusement comme une "perception".
D'un point de vue plus objectif ou plus scientifique, le même auteur affirme que "la représentation ne peut s'affirmer, s'authentifier et prendre réellement statut de représentation que si elle est communicable , c'est-à-dire si elle peut faire l'objet d'une vérification en autrui, vérification qui consiste à établir qu'autrui peut former une représentation homologue".
PIERRON H. ET AL, (1978), Vocabulaire de la psychologie, Paris, Bordas, p. 339.
VAUCLAIR J., (1987), Représentation et intentionnalité, PUF, Paris, p. 67.
LENY J.F., (1989), Science Cognitive et Compréhension du Langage, Paris, PUF, p. 165.
MARTIN R., Représentations et Professions, Table Ronde Internationale sur les représentations, 2e Session, Montréal, 7-10 Oct. 1983.
DENIS M. DUBOIS D. (1976), La Représentation Cognitive, Année Psychologique, Paris, p. 543.
PERRON (1990), Représentations et Handicaps : Vers une clarification des Concepts et des Méthodes, CTNERHI, Paris, PUF, p. 203.
Idem p. 203.