II.1.3.4. L'attitude, le stéréotype et la représentation

L'attitude est considérée comme une organisation psychique qui donne une orientation négative ou positive par rapport à un objet, et ne peut se substituer à la représentation. Mais la représentation peut générer des attitudes et aider à leur compréhension.

Le stéréotype est constitué d'attributs et de propriétés que l'on rattache à une personne ou à un objet en fonction de son image et des valeurs auxquelles chacun se réfère. C'est une image statique, peu dynamique.

Selon S. FEARD, J.P. DESCHAMPS et R. GUEGUEN (1990) "Le stéréotype désigne des catégories descriptives simplifiées par lesquelles nous cherchons à situer autrui ou des groupes d'individus. Ce terme, d'après Lippman, désigne des images mentales qui s'intercalent entre la réalité et notre perception. Elles provoquent une simplification ou une orientation sélective de nos perceptions et peuvent aboutir à des distorsions plus ou moins graves de la réalité, c'est-à-dire par rapport aux reflets et aux produits des images du monde social". 25

Pour les mêmes auteurs, deux grands principes régissent le stéréotype : la schématisation et l'attitude réactionnelle à une situation collective. La schématisation étant en quelque sorte le caractère limitatif de l'apport du stéréotype au concept de représentation sociale, l'attitude réactionnelle, quant à elle, peut rendre compte d'un certain univers de la représentation sociale. L'analyse des stéréotypes contribue à éclairer les représentations sociales liées à la personne handicapée. Elle montre que des catégorisations anciennes, telles que fou ou infirme préexistent.

Si les stéréotypes ont essentiellement une dimension collective, ils dépendent aussi des structures propres à la personne elle-même et de l'expérience individuelle. Cependant, le stéréotype n'est qu'un aspect partiel de la représentation, il permet d'étudier son organisation et ses caractéristiques.

La représentation sociale s'oppose au stéréotype par son côté globalisant. Elle est la traduction de relations complexes, réelles et imaginaires, objectives et symboliques que le sujet entretient avec un objet.

Les représentations sociales sont spécifiques par leurs caractères systémiques et dynamiques, leur vocation est de permettre un repérage dans l'univers matériel et social où l'aspect structural et cognitif domine. Les stéréotypes sont en quelque sorte des indicateurs ponctuels d'un système d'images globales ayant une fonction de discrimination. Les représentations, quant à elles, sont destinées à la découverte du réel, elles ont une fonction d'intégration.

En bref, les représentations se situent sur des dimensions d'informations, de concepts, d'images, d'opinions, d'attitudes et de stéréotypes sans toutefois se réduire à ces dimensions. Elles traduisent des relations complexes et se situent à deux niveaux :

En génétique et selon Jean PIAGET (1968) 26, la représentation renvoie à la notion d'image qui est "une copie ou une reproduction intérieure de l'objet mais personnelle". Cette reproduction suppose l'utilisation d'un signifiant pour évoquer un signifié. Lorsque l'enfant évoque ou reproduit l'objet absent, on peut supposer qu'il y a acquisition.

L'approche psychanalytique intègre la dimension affective dans le processus de représentation. Ainsi, pour René KAES (1968) 27, "la représentation est une activité propre au sujet qui s'approprie et transforme de manière affective le réel. On ne se représente que ce que l'on perçoit". Or pour cette approche, la perception est affective. Le sujet se représente les objets en fonction de sa mémoire, mais aussi en fonction de ses préoccupations affectives.

La psychanalyse s'intéresse aux représentations individuelles et aux représentations sociales sous leurs formes "Conscientes" ou "Inconscientes". FREUD 28 distingue dans la représentation deux processus :

La représentation des choses et la représentation des mots sont liées par des "représentations intermédiaires", c'est-à-dire que pour passer des représentations des choses aux représentations des mots, on passe par des représentations intermédiaires qui viennent chez le patient, parce qu'il est soumis à la règle fondamentale de l'association libre. Grâce à ces associations, on peut explorer des représentations associées, qui ont produit des sens.

Les processus primaires témoignent de "l'Inconscient", ils traduisent les contenus inconscients de même que les processus secondaires traduisent des contenus conscients. La représentation du "trauma" par exemple est refoulé à l'Inconscient. Faire un travail de représentation, c'est faire un travail de mise en mots, de symbolisation en passant de l'Inconscient au Conscient par l'intermédiaire du Préconscient.

Notes
25.

FEARD (S.) et al : Les stéréotypes : Constructions mentales du social, l'exemple de l'enfant handicapé, in : Représentations et Handicaps ; CTNERHI ; PUF ; Vanves ; 1990 ; p. 117.

26.

PIAGET J. (1968), La Formation du Symbole cher l'enfant, Paris, PUF, p. 71.

27.

KAES R. (1968), Image de la Culture chez les Ouvriers Français, Paris, PUF.

28.

S. FREUD, Représentation des rêves/