III.3. Quelques travaux antérieurs sur les représentations du handicap

III.3.1. Les recherches en France

Cette étude a été inspirée par un certain nombre de recherches menées sur le handicap et ses représentations ici en France, au sein du C.T.N.E.R.H.I. (Centre Technique National d'Etudes et de Recherches sur les Handicaps et les Inadaptations) (1990), par des chercheurs comme Alain GIAMI, Didier TRUCHOT, Jean-François RAVAUD, Henri PAICHELER et Jean-Sébastien MORVAN. Par l'étude des attitudes, des portraits et des stéréotypes, ces chercheurs ont analysé les phénomènes contribuant à la représentation sociale des personnes handicapées.

Alain GIAMI (1990) 79 a fait une étude (au sein de CTNERHI) portant sur les représentations des handicaps chez des parents et des professionnels. Selon cet auteur, chaque sujet ou chaque personne porte en elle une Figure Fondamentale du Handicap (F.F.H.), qu'elle méconnaît plus ou moins suivant les cas, cette méconnaissance n'excluant pas (bien au contraire) le travail psychique de cette figure en relation avec d'autres éléments de représentation.

La Figure Fondamentale du handicap dont il fait l'hypothèse est sous-jacente et concomitante à la représentation spécifique de la personne handicapée et en diffère sensiblement sur le plan des contenus, des formes et des effets, elle se traduirait par des sentiments complexes de peur, de fascination ou de rejet.

Didier TRUCHOT (1990) 80 étudie les représentations sociales des handicapés sociaux à partir d'une analyse des entretiens où il extrait des séquences attributives. Par séquence attributive on entend un segment de discours, mettant explicitement en relation une cause et un effet. Ensuite, de façon comparative, il analyse le contenu concret des attributions, ce qui permet de rendre compte et de mettre en rapport deux aspects de la représentation : sa structure et son contenu.

Jean-François RAVAUD et Henri PAICHELER (1990) 81 ont étudié la place du stéréotype au regard du concept très général de représentation sociale ; en précisant que le stéréotype désigne les catégories descriptives simplifiées pour lesquelles nous cherchons à situer autrui ou des groupes d'individus.

Ce terme, d'après eux, désigne des images mentales qui s'intercalent entre la réalité et notre perception. Elles provoquent une simplification ou une orientation sélective de nos perceptions et peuvent aboutir à des distorsions plus ou moins graves de la réalité. La méthode utilisée par ces deux auteurs est celle des portraits. Ils affirment que le clivage entre handicapé modèle et handicapé rejeté, est déterminé par les types de handicaps et leur nombre.

Toujours au sein du CNTRHI, Jean-Sébastien MORVAN 82 (1990), à partir des échelles d'attitudes et des entretiens, étudie les processus de représentation des situations de handicap qui président aux professions d'éduquer, d'assister et d'enseigner. A partir des données recueillies auprès d'éducateurs spécialisés, d'assistants de services sociaux, d'enseignants spécialisés, il analyse les images-signes du handicap. Il conclut " qu'il n'y a pas une image du handicap et de l'inadaptation, mais il existe des images tantôt centrales, tantôt périphériques ; noyaux ou satellites, elles font faces visibles, interfaces ou parties submergées d'un vaste complexe dynamique dont les contenus sont objets ou sujets de mouvements variés qui expliquent les expressions et les traductions multiples qu'elles présentent."

Notes
79.

GIAMI (A) : L'hypothèse de la figure fondamentale du Handicap ; in Représentations et Handicaps ; CTNERHI, Paris ; 1990 ; pp. 31 et 32.

80.

TRUCHOT (D) : L'analyse de la représentation sociale des handicapés sociaux ; in Représentations et Handicaps ; CTNERHI ; Paris ; 1990 ; p. 99.

81.

RAVAUD (J.F.) et al : Représentation du Handicap chez l'enfant et l'adolescent ; in Représentations et Handicaps ; CTNERHI ; Paris ; 1990 ; p. 143.

82.

MORVAN (J.S) : Représentations des situations de handicaps et d'inadaptations ; in Représentations et Handicaps ; CTNERI ; Paris ; 1990 ; p. 77.