Quatre recherches effectuées en milieu congolais ont particulièrement retenu notre attention. Il s'agit des travaux ou des études de : Benoît MIAKALOUBANZA (1985), Jacqueline N'GABALA KIBELOLU (1990), de Jean NGAMBOU (1995), et de Joseph ONDONGO (1985).
A travers une recherche menée sur "l'éducation des déficients intellectuels au Congo", Benoît MIAKALOUBANZA (1985) 83 a remarqué "qu'on manifeste peu d'intérêt pour les déficients intellectuels et lorsqu'il s'agit de la déficience intellectuelle, le public pense immédiatement à une personne atteinte de "maladie mentale", c'est-à-dire un fou. On pense à la folie ; on fait allusion à une personne adulte qui a perdu sa conscience. On ne pense jamais, sinon rarement à un enfant né déficient intellectuel ou mental ou devenu déficient au cours de sa vie pour quelques raisons. L'enfant déficient mental est assimilé à un fou...". Selon cet auteur, "cette assimilation est une simple question de représentation qu'on se fait de l'enfant handicapé mental au travers de ses comportements, question d'idéologie aussi, mais surtout question de ressources actuellement insuffisantes à donner à tout le monde dans le cercle familial et même la société en général" 84.
Benoît MIAKALOUBANZA (1985) dénonce la confusion au Congo entre l'adulte "malade mental" et l'enfant "déficient intellectuel", car chez les deux, il n'y a pas de similitude de comportement, même si dans les deux cas l'atteinte psychique est avérée. Il explique cette confusion par l'image de "personne inutile" qu'ont les sociétés dites modernes à l'égard d'un enfant déficient mental, alors que la société congolaise ancienne accordait plus de soins (surtout affectifs) à une personne dite anormale par le biais de sa famille qui l'entourait pour éviter d'aggraver son état.
Cette représentation un peu confuse de la personne handicapée que relève Benoît MIAKALOUBANZA (1985) est fonction des images et des stéréotypes prédominants dans la société, et s'explique surtout par l'absence de connaissances précises sur les deux types de problèmes psychiques.
Cette assimilation de la déficience intellectuelle à la maladie mentale fait du "déficient intellectuel" un handicapé à part ou exceptionnel. Ainsi MIAKALOUBANZA (1985) note que "on n'accorde pas le même crédit aux problèmes de la déficience intellectuelle qu'à ceux soulevés par les autres types de handicaps : infirmité physique, cécité, alors que tous ces cas sont des handicaps. L'infirmité physique et la cécité entraînent compassion et sympathie, l'arriération mentale par exemple entraîne "rejet" autant que la maladie mentale crainte pour ses agressions spontanées ou permanentes" 85.
MIAKALOUBANZA B. : L'Education des déficients intellectuels au Congo : analyses et propositions ; Thèse de Doctorat 3e cycle ; Paris X Nanterre ; 1985 ; pp. 11 et 12.
idem p. 12.
MIKALOUBANZA (B.) : L'Education des déficients intellectuels au Congo : analyses et propositions ; Thèse de Doctorat 3e cycle ; Paris X Nanterre ; 1985 ; p. 13.