III.3.2.2. Le handicap : une maladie anormale chez les Kongo

Jacqueline N'GABALA KIBELOLO (1990), dans une étude portant sur "l'enfant handicapé par déficience physique" chez les Kongo du Congo-Brazzaville, relève comme Benoît MIAKALOUBANZA (1985), une assimilation du handicap à la maladie. Elle évoque le "Concept du handicap-maladie" en soulignant que "toutes les affections de quelque nature qu'elles soient n'ont que deux causes aussi distinctes que simplistes ou c'est une maladie naturelle ou simple "maladie de Dieu" ou c'est une maladie induite par le sorcier" 86.

En effet, le handicap mental et certaines formes de folie sont décrits comme des maladies anormales. "Le handicap mental est le témoignage ou signe d'une tension ou de conflits sociaux parmi les membres de la communauté ou encore d'un déséquilibre rituel entre le monde des ancêtres et celui des vivants. Il peut être aussi à la base de la transgression soit d'une règle sociale, soit d'un interdit par le malade ou par un membre du clan. La maladie mentale peut être la conséquence d'une initiation du patient à la "magie" et aux fétiches ou elle peut résulter soit d'une action de la sorcellerie et de l'envoûtement d'une personne par une autre, ou par des motifs internes au nom de la sorcellerie" 87.

En résumé, d'après KIBELOLO (1990) "Les Kongo de la République Populaire du Congo considèrent le handicap à la fois comme "un état d'être" et une maladie anormale". De ce fait la tradition attribue aux handicapés une fonction selon le cycle de vie de la personne" 88.

Sur le plan de l'image que l'on se fait de la personne handicapée en milieu Kongo, l'étude de KIBELOLO (1990) nous apprend que "l'aveugle est considéré comme un sage, un griot. Son handicap ne gêne personne. Par contre il est craint ; son éducation est très souvent prise en considération par les personnes plus âgées de la communauté" 89. Quant à la personne sourde, « elle ferait aussi l'objet des craintes et serait considérée comme la victime d'un mauvais sort lancé à l'encontre de ses parents par le sorcier » 90.

Par ailleurs, les albinos, les nains, les arriérés, les autistes, les manchots sont pris pour des enfants anormaux désignés par l'expression "bana bamaza" (enfant d'eau).

Les Kongo disent des "bana bamaza" que "ce sont des esprits ancestraux qui de leur vivant auraient connu une mort tragique par des maladies d'ordre psychosocial ou par accidents et qui renaissent chez les vivants sous forme d'enfants spéciaux qui sont parmi les plus difficiles et les plus compliqués à élever" 91.

Notes
86.

N'GABALA KIBELOLO (J.) : L'enfant handicapé par déficience physique chez les Kongo : essai d'intégration en milieu scolaire ordinaire ; Thèse de Doctorat, EHESS, Paris, 1990, p. 78.

87.

Ibidem p. 91.

88.

Ibidem p. 3.

89.

Idem p. 90.

90.

Idem p. 90.

91.

Idem p. 90.