IV.2. Le corps d'hypothèses

En tenant compte de la problématique qui vient d'être énoncée, nous formulons trois hypothèses qui sous-tendent le déroulement de cette étude, et que nous prenons le pari de vérifier par la suite.

Dans notre approche sur les représentations des personnes ayant un handicap, nous retenons deux catégories d'acteurs :

  • Ceux qui ont des contacts réguliers ou permanents avec les personnes en situation de handicaps, ce sont les parents, amis, voisins, soignants, éducateurs, dirigeants associatifs... Ils apparaissent comme des personnes concernées par les situations de handicaps ;
  • et ceux qui n'ont pas de contacts réguliers ou permanents avec les personnes handicapées, ce sont des personnes plus ou moins lointaines qui ne vivent et ne côtoient pas quotidiennement les personnes handicapées. Ces acteurs apparaissent comme des personnes non concernées, a priori, de toute situation d'implication avec les handicapés.

Nous supposons que les personnes "concernées" par les situations de handicaps ont une meilleure connaissance de ce qui touche à la déficience, ainsi ils pourraient être plus compréhensifs que les personnes "non concernées". En se fondant sur cette distinction, nous nous sommes permis de formuler une première hypothèse :

Hypothèse 1 : Les acteurs en contact permanent avec les personnes handicapées auraient des représentations positives identiques sur le handicap, qui diffèrent de celles souvent négatives des acteurs sans interaction directe avec les personnes handicapées.

Ensuite, le mot handicap, nous l'avons vu, n'évoque pas un phénomène singulier, il regroupe toute une multitude de situations caractérisées à des degrés divers, par l'absence ou le manque d'un organe ou d'une fonction organique chez une personne. Il n'existe donc pas, chez l'homme, une situation de handicap, mais des situations de handicaps que l'on peut décrire en fonction des types ou de la nature des handicaps. Nous prenons donc en compte les représentations du handicap physique, de la déficience mentale, et des déficits sensoriels, en rapport avec le niveau d'études, et la situation socio-professionnelle des acteurs concernés. A partir de ce constat, nous avons pu formuler une deuxième hypothèse.

Hypothèse n° 2 : Le niveau d'études et la situation socio-professionnelle des acteurs sociaux seraient les facteurs les plus déterminants sur leurs représentations des personnes handicapées

A travers quelques exemples, et sur la base de quelques travaux antérieurs à notre étude, nous avons décrit plus haut les attitudes et les représentations vis-à-vis du handicap et des handicapés, au regard des considérations socio-culturelles et traditionnelles présentes dans la société congolaise. Il se dégage de façon constante trois positions : les attitudes et les représentations positives, les attitudes et les représentations négatives et enfin les attitudes ambivalentes. En Afrique en général et au Congo en particulier, la cause d'une maladie ou d'un handicap est extérieure : malédiction, sorcellerie, faute commise par la famille, transgression d'un tabou. La dominante, c'est l'explication sociale et non médicale, même si les deux peuvent dans certains cas être évoquées. Le handicap, la maladie et la mort sont perçus comme le signe d'un problème social.

Par ailleurs, depuis les indépendances (bientôt cinquante ans), les pays d'Afrique noire connaissent un changement bouleversant et permanent des structures sociales, économiques, politiques et culturelles. Nous pensons que ce changement peut avoir un impact sur les modes de représentations du handicap et des personnes handicapées. A partir de ce constat de changement palpable sur divers plans, nous formulons notre troisième et dernière hypothèse :

Hypothèse 3 : La dynamique des changements sociaux, économiques, politiques et culturels, observée au cours de ces dernières années, pourrait avoir modifié la perception sociale de la personne handicapée au Congo.