La difficulté majeure que nous avons rencontrée dans la réalisation de cette étude est liée à l'éloignement du terrain d'enquête : le laboratoire auquel est rattaché l'Equipe de recherche PCH (Perception Cognition Handicap) dont nous faisons partie se trouvant à Lyon en France loin du Congo-Brazzaville. Les guerres civiles atroces qui ont éclaté successivement dans ce pays en 1997, 1998 et 1999 ont constitué un frein et un sérieux obstacle retardant de manière significative le déroulement normal de l'étude. Nous avons été coupé, pendant tout ce temps, du terrain d'enquête, sans pouvoir réceptionner en retour les questionnaires distribués. Les structures accueillant les personnes handicapées ont été détruites ou vandalisées presque dans leur ensemble. Certains responsables et le personnel en charge des personnes handicapées ont dû trouver la mort ou bien quitter le pays. Cette situation nous a laissé pendant plus de trois ans sans interlocuteurs valables sur le terrain. Heureusement que les choses se sont améliorées au fur et à mesure à partir des années 2001-2002. Sur un plan plus pratique, les difficultés ont été aussi d'ordre relationnel :
Bon nombre de questionnaires ne nous sont pas revenus en dépit de notre insistance à les récupérer, d'autres n'ont pu être exploités, parce qu'ils ont été soit partiellement remplis, soit mal remplis.
D'autres difficultés sont liées à la nature de l'objet d'étude qu'est la notion de représentation dans le champ des handicaps et inadaptations. Nous constatons que l'étude de la représentation soulève, chez les chercheurs qui s'y intéressent, la question de la validité scientifique, surtout dans les recherches appliquées, de cette notion dont la polysémie nuit à la rigueur conceptuelle et dont le caractère transversal réclame une élaboration unitaire. L'objet des représentations étudiées qu'est le handicap est aussi difficile à circonscrire car il offre à notre analyse, lui aussi de multiples facettes. Sous le label de handicap se décrit un ensemble de phénomènes qui se rapportent aussi bien au vécu, au statut et au rôle social de ceux qui en pâtissent, qu'aux perceptions, jugements et réactions de ceux qui les côtoient, les gèrent ou les prennent en charge. On est en droit de craindre que les notions de handicap et de représentation, dans leur polysémie, ne favorisent le manque de rigueur scientifique et des visions simplificatrices ou biaisées des phénomènes considérés.
Les représentations sociales sont des dimensions difficilement manipulables, et les difficultés méthodologiques que pose leur étude résident dans le recueil des données et leur analyse. L'élaboration méthodologique des représentations comporte parfois des lacunes dues au fait qu'elles ne sont pas faciles à saisir. "L'on peut sans doute soutenir que l'appréhension d'un objet social est inséparable de la formation d'un langage le concernant. Mais tout langage correspond-il à une représentation effective ?" 104.(1972).
Selon Claude JAVEAU (1985) 105, les réponses des personnes interrogées devront être envisagées selon quatre critères :
Les deux derniers critères sont difficilement applicables et posent le problème de la validité et de la fiabilité du discours. Ainsi se pose alors le problème de la fiabilité des données recueillies.
MOSCOVICI S. : Introduction à la psycho-sociale I, Librairie Larousse, Paris, 1972, p. 308.
JAVEAU C. : L'Enquête par questionnaire, Édition de l'Université de Bruxelles, 1985, p. 29.