VII.1. L'analyse inférentielle

C'est une technique d'analyse mise au point par Jean François LENY (1989),¹²⁵ consistant à inférer à partir des déclarations, les représentations cognitives d'un ensemble de sujets sur un concept ou bien une notion bien précise, ensuite à dégager les principales caractéristiques de ces représentations cognitives. Il faut cependant avoir à analyser un ensemble de représentations abstraites ayant comme support le langage. Pour cette raison, ces représentations doivent être caractérisables par le langage de façon verbale ou écrite. Il est donc question de représentations sémantiques. C'est le cas des représentations sur les situations de handicaps qui nous concernent ici.

Cette technique d'analyse s'y prête à la fois aux données recueillies par entretiens et par questionnaires (questions fermées et ouvertes).

Le premier constat qui ressort d'une telle analyse est que la représentation de la notion de handicap est une représentation abstraire et complexe, qui se construit sur la base des représentations plus simples des attributs qui la caractérisent, grâce à l'établissement des relations entre celles-ci, permises par l'utilisation du langage ; ce qui nous entraîne fort bien dans la compréhension du langage.

Ne perdons pas de vue que le handicap est non seulement un concept ou une notion, mais c'est aussi un état, une situation et un vécu quotidien pour bien de personnes. Le mot handicap suscite des représentations plus ou moins concrètes et abstraites, qui nous renvoient à la déficience, la maladie, l'éthique, la reconnaissance, l'identité et à la vie tout court.

Parler du handicap et de sa représentation sociale, c'est donc poser d'emblée la question du regard porté sur la déficience et ce qu'elle implique au sein de la société de façon singulière et globale. Le vécu des personnes handicapées est, en partie, déterminé par les représentations du handicap dans la société, d'où la question de l'identité de la personne handicapée reste centrale.