Chapitre VIII. Les opinions et appréciations sur les personnes en situations de handicaps

VIII. 1. Evaluation des attitudes de la personne handicapée

Notre principale démarche a consisté à inviter l'ensemble de nos 280 sujets, y compris les personnes handicapées elles-mêmes, à décrire une personne handicapée à l'aide d'évaluations portées sur 22 échelles bi-polaires de traits de caractère ou de personnalité. Chacune des échelles en cinq points étant constituée d'un couple d'adjectifs aux deux extrémités, de telle sorte que les adjectifs à connotation positive sont placés à gauche et ceux à connotation négative sont disposés à droite.

Nous avons retenu des traits de caractère pouvant être attribués à toute personne, même à celle dite valide. Nous sommes donc loin des situations stéréotypées qui ont pour but une simple description de la personne handicapée. Nous sommes donc partis de l'idée que la représentation des personnes handicapées devait s'étudier à partir de la représentation de la personne en général, et que c'est par actualisation de cette structure de représentation que pouvait se comprendre celle de la personne handicapée. Il s'agit de jugements émis par des sujets à propos des personnes singulières, du fait de leur identité sociale.

Il ressort de l'analyse que la représentation sociale de la personnalité des personnes handicapées s'inscrit dans un schéma représentationnel qui articule représentation des personnes sans handicaps et représentation des modèles sociaux idéaux. Les personnes handicapées sont alors pensées comme "logiquement" porteuses d'une personnalité particulière qui doit les conduire, de manière aussi logique vers un type particulier d'adaptation sociale.

Cette attribution de la personnalité n'est pas caractérisée par le fait de placer la personne handicapée sur un point particulier d'une échelle (très passif, trop distrait, désagréable, irresponsable) mais de lui assigner des traits de caractère plus ou moins valorisants et de lui en interdire totalement d'autres.

Les opinions et les jugements de nos sujets sur les handicapés à l'aide des 22 échelles portaient sur l'évaluation de quatre facteurs de leur personnalité :

  • l'Activité
  • l'Intelligence
  • la Moralité
  • et le Comportement

L'exploitation des résultats laisse apparaître (tant pour les questionnaires que pour les entretiens) une constante valorisation de la personne handicapée chez presque tous les sujets. Les moyennes de scores des échelles tendent vers les valeurs positives (gentil, compréhensif, franc, poli...). Cependant, les clichés et les stéréotypes bien connus apparaissent "calme ou passif", "avoir toujours besoin de quelqu'un", "timide ou émotif", "naïf..."

La tendance à la valorisation peut s'expliquer par la vie socio-culturelle congolaise qui recommande la proximité, la compassion et la solidarité avec les plus faibles et les plus défavorisés qui vous sont proches. Toutefois ce droit à la différence est accepté surtout dans la mesure où elle ne met pas en cause l'identité ou les valeurs du groupe d'appartenance ou de référence.