VIII.2. Approche comparative entre les personnes en contact et les personnes sans contact avec les handicapés

Notre première hypothèse suppose que "les acteurs en contact permanent avec les personnes handicapées auraient des représentations positives identiques sur le handicap, qui diffèrent de celles souvent négatives des acteurs sans interaction directe avec les personnes handicapées". Nous avons donc postulé pour une différence de jugements, des opinions, des conduites entre les principaux acteurs de l'échantillon.

Il existe à côté des personnes "concernées" ou "non concernées" par les questions du handicap une troisième catégorie (37 sujets), constituée rien que de personnes handicapées elles-mêmes, auxquelles nous avons demandé de s'auto-évaluer. Il ressort de nos analyses une "survalorisation" de la personne handicapée par elle-même, qui consiste à s'attribuer des scores très élevés pour des traits de caractère positifs.

Cependant, entre les acteurs en contact permanent avec les personnes handicapées et les acteurs sans interaction directe, il n'y a pas de différence de jugement significative au vu des moyennes des scores de leurs évaluations sur les échelles selon les résultats de l'ANOVA. La tendance générale au niveau de ces deux types de populations est plutôt celle de la valorisation de la personne handicapée au plan de son intelligence, ses attitudes, sa moralité et son comportement. La tendance élevée du sentiment de compassion est aussi perceptible chez les deux types de populations. Les mêmes résultats s'observent également suivant une démarche de type psychosocial fondée sur une analyse comparative des entretiens recueillis auprès des sujets appartenant aux trois groupes qui composent notre population. Cette analyse tient compte des contenus thématiques à la fois explicites et implicites sur les figures significatives des handicaps dans leur ensemble.

Cette situation nous ramène au cœur des thèses de Serge MOSCOVI (1961) 131 qui décrit la représentation sociale comme un ensemble d’opinions analysables selon trois principes :

  • l’information qui renvoie à la somme des connaissances qu’un individu possède sur un objet social ;
  • le champ de représentation, qui est complexe et exprime l’idée d’une organisation du contenu ;
  • l’attitude, qui est considérée comme la dimension « primitive » de la représentation et exprime l’orientation (générale ou individuelle), positive ou négative vis-à-vis de l’objet de la représentation.

Notes
131.

MOSCOVICI S. (1961), La Psychanalyse, son Image et son Public, PUF, Paris, p. 171.