VIII.4. L'influence de la profession, l'âge, le sexe et le niveau d'études sur les représentations

Nous avons relevé plus haut que les représentations sociales sont spécifiques par leurs caractères systémiques et dynamiques, leur vocation étant de permettre un repérage dans l'univers matériel et social où l'aspect structural et cognitif domine.

L'information sélectionnée pour catégoriser la personne handicapée varie non seulement en fonction du milieu, mais aussi en fonction des critères personnels et sociaux : l'âge, le sexe, la profession et le niveau d'études. Cependant, ces critères n'influencent pas de la même manière les représentations des acteurs sur les personnes handicapées, certains critères ont plus de poids que d'autres.

Notre deuxième hypothèse parie en faveur d'une forte influence des critères "profession" et "niveau d'études" au détriment des variables "âge" et "sexe" moins influentes.

Au regard des résultats obtenus après l'analyse de variance (voir ces résultats dans la partie des annexes), il y a une variation suivant l'influence des critères âge, sexe, profession et niveau d'études, sur les modalités des représentations des handicaps.

Le calcul et l'application des tests F de SNEDECOR et du PLSD de Fisher à des seuils P.01 et P.05 font apparaître des résultats significatifs pour les critères "profession" et "niveau d'études" et non significatives pour les critères "âge" et "sexe". Ce qui signifie que les représentations que nous étudions sont surtout conditionnées par les facteurs "profession" et "niveau d'études".

Au Congo-Brazzaville la profession et le niveau d'études sont des valeurs différenciatrices importantes dans toutes les sphères sociales. Le niveau d'instruction et l'emploi occupé sont souvent très liés, les personnes les plus instruites occupent souvent les professions non seulement les plus rémunératrices, mais aussi les plus valorisantes et les plus prestigieuses. L'appartenance à un groupe social entraîne une singularisation de l'acteur en fonction des relations interpersonnelles intragroupes ou intergroupes. On peut par exemple noter que la mobilité, la force physique, le courage et le respect sont reconnus comme valeurs primordiales par les élèves, les sans-emplois, les chauffeurs et les vendeurs. La sensibilité, le bon goût, l'habileté créative et l'ouverture aux autres caractérisent les valeurs importantes pour les milieux sociaux favorisés au bagage culturel élevé (enseignants, administrateurs, médecins, formateurs, ingénieurs).

Ainsi la notion de handicap varie selon les milieux socio-culturels des acteurs ; plus le sujet est issu des couches instruites et favorisées, plus les handicaps décrits sont nombreux et concernent aussi bien les déficiences motrices que sensorielles et mentales, alors que les sujets peu instruits ne décrivent surtout que des situations de déficiences physiques.