VIII.5.1. Le handicap physique ou moteur comme « icône »

Les handicaps physiques, notamment ceux atteignant les membres inférieurs et supérieurs sont les plus cités parmi les autres types de handicaps ; et puis viennent dans l'ordre les handicaps sensoriels et mentaux.

Il apparaît que le handicap physique, plus particulièrement les personnes sur béquilles sert "d'icône" et de "grille de lecture" pour l'ensemble des handicaps. Cette situation s’explique par les usages sociaux, la position centrale et l’aspect symbolique du handicap physique.

Au Congo, pour signaler une institution ou tout endroit accueillant les personnes en situation de handicaps, le symbole ou le pictogramme utilisé est celui d'une personne sur béquilles ; un peu l'équivalent en France, du symbole d'une personnes sur fauteuil roulant qui figure sur les pancartes ou qui signale les places réservées sur les parkings aux personnes handicapées.

Les personnes interrogées attribuent une position centrale à la dimension physique ou motrice du handicap par rapport aux autres dimensions. Le "handicap physique" est ainsi perçu comme l'élément le plus symbolique et le plus handicapant de la condition handicapée. On se trouve donc face à une représentation particulièrement parcellaire du handicap.

Cette centralité du "handicap physique" pourrait s'expliquer d'abord par le taux élevé des handicapés physiques ou moteurs à Brazzaville (ville dans laquelle cette étude a été menée) où, selon les statistiques des associations spécialisées sur les questions du handicap, les deux tiers des personnes handicapées le sont au niveau des membres inférieurs. Ensuite, la déficience physique a comme caractéristique d'être visible et cette visibilité se dessine au travers des marques corporelles et des difficultés fonctionnelles, contrairement à la déficience sensorielle ou mentale qui se verrait moins dans la ville. A Brazzaville, l'appareillage des handicapés moteurs se fait plus facilement par les Organisations Non Gouvernementales et l'Etat congolais (dons de béquilles, tricycles et chaussures), car les techniques et le coût du matériel sont plus accessibles, à l'inverse des aides techniques et des prises en charge des handicapés sensoriels et mentaux qui paraissent plus pointilleuses et plus onéreuses. Grâce à l'appareillage, les handicapés physiques ou moteurs se déplacent donc plus régulièrement que les autres catégories, donc se rendent plus visibles.

Les handicapés sensoriels et mentaux qui suscitent parfois un sentiment de honte chez les parents sont cantonnés souvent au domicile des parents qui les surprotègent, car ils sont souvent exclus du système scolaire par manque de moyens et surtout par le manque ou l'insuffisance d'établissements spécialisés pouvant les accueillir.