Partie 1. Le partenariat public-privé comme révélateur d’une nouvelle culture de l’action publique

La généalogie de la notion de partenariat public-privé apparaît à la fin des années 1970 d’abord dans les pays anglo-saxons, pour décrire des formes de collaboration entre secteur public et secteur privé. L’exposé de la manière dont a émergé cette notion et de l’évolution des outils et procédures de l'aménagement à laquelle elle renvoie dans ces pays, nous paraît essentiel pour comprendre les composantes du débat français autour du partenariat public-privé. Si le terme « partenariat public-privé » est bien la traduction littérale du public private partnership, ces deux expressions renvoient à des pratiques et des débats bien distincts, liés aux cultures et aux approches de ce qu’est l’action publique dans ces pays. En France, l’émergence du partenariat public-privé participe aux débats autour de la restructuration de l’action publique en cours depuis les années 1970. Par conséquent, ce constat nous incite à envisager le partenariat public-privé non pas comme un nouvel outil au service de la coopération entre sphère publique et sphère privée mais comme révélateur d’une évolution qu’il convient de caractériser. Dans cette perspective il convient alors de donner des éléments de définition du partenariat qui serviront de cadre analytique (chapitre 1).

Dès lors, il était nécessaire d’exposer les évolutions des discours et des débats sur l’action publique française depuis les années 1970. L’émergence de différentes notions au cours des années 1980 illustre ainsi le renouvellement des cadres de référence de l’action publique française. Le rapport public-privé est ainsi examiné à travers trois angles successifs : les sciences économiques, les sciences administratives, les sciences de l’action publique. Cet examen incite à la mobilisation de la notion de gouvernance comme l’un des outils d’analyse possible. Les études faites par les chercheurs de différentes disciplines nous permettent de poser les fondements de notre postulat et d’ébaucher deux axes d’analyse résultant d’un processus de renouvellement de l’action publique : une perméabilité progressive des secteurs public et privé ; un repositionnement du central et du local. L’interrogation sur le partenariat public-privé en aménagement urbain revient à se focaliser sur une évolution des modes de faire la ville c'est-à-dire sur les transformations de l’organisation de la maîtrise d'ouvrage urbaine (chapitre 2).

Dès lors, nous avons opté pour une étude centrée sur les jeux d’acteurs au sein d’opérations d’urbanisme, choisies pour leur caractère emblématique de la période étudiée (des années 1970 à aujourd’hui). Le troisième chapitre de cette partie pose ainsi notre méthodologie et notre démarche d’enquête.