1.1. Des origines anglo-saxonnes : entre crises urbaines et pénurie de ressources publiques, il faut agir

La notion de partenariat public-privé est d’abord apparue aux États-Unis avant de se diffuser au Royaume-Uni puis à l’ensemble des pays européens. La fin des années 1970 et le début des années 1980 témoignent aux États-Unis et au Royaume-Uni d’une grave crise urbaine, à laquelle les outils et les aides publics développés à la période précédente ne peuvent répondre. Ces années témoignent aussi de l’arrivée au pouvoir fédéral américain et central britannique de leaders libéraux (Reagan et Thatcher). Tous deux préconisent une vaste ouverture au secteur privé pour le financement et la gestion des biens et services publics. Le partenariat public-privé ou une collaboration plus étroite entre public et privé s’impose progressivement avec son cortège d’outils répondant de façon pragmatique à des problèmes de développement économique et urbain. Au début des années 1990, Werner Heinz dirige une étude comparative sur les dispositifs de partenariat. En premier lieu, la coopération public-privé dans les projets locaux de développement n’est pas un phénomène nouveau. Mais ce qui est nouveau, depuis la moitié des années 1970 aux États-Unis, depuis le début des années 1980 dans les pays industriels de l’Europe, c’est la variété des modes de coopération : ils prennent corps à partir des spécificités de chaque pays et, se développent selon des formes globales et transversales (Heinz, 1994, p 249). Cette étude pointe le fait que ces coopérations publiques privées s’étendent à l’ensemble des champs d’activités du développement urbain et se formalisent progressivement. Les collectivités locales sont alors au cœur du dispositif. Ces dernières ont à assurer des fonctions de régulation, d’initiation, de modération et de coordination des programmes de développement et doivent s’adapter aux logiques et aux principes de fonctionnement de l’économie privée (Heinz, 1994, p 249).

Une telle association entre public et privé n’est pas illégitime dans les pays anglo-saxons et surtout aux États-Unis où, le pouvoir politique et l’action publique sont largement partagés avec le secteur privé (Body-Gendrot, 1997). Au Royaume-Uni les interactions entre les édiles et le monde de l’entreprise et de la finance sont moins importantes, mais des points communs émergent dans la vision et la représentation des hommes politiques. Dès l’arrivée de Thatcher, le gouvernement central procède à de nombreuses privatisations (notamment les chemins de fer). De nombreux partenariats sont envisagés surtout les domaines qui touchent à la politique sociale (logements sociaux, développement urbain, d’aide à l’emploi, etc.), domaines dans lesquels le retrait du gouvernement central est le plus important. Le passage en revue des différents programmes de partenariats établis dans ces deux pays permet de saisir le large spectre des pratiques relevant de ce dispositif et d’entrevoir une évolution profonde des sociétés américaine et britannique. Le partenariat public-privé ne se traduit pas uniquement par la mise en œuvre de nouveaux dispositifs, mais également par un changement culturel dans la manière de faire l’action publique.