2.4.2 Une notion d’abord économique

La gouvernance est à l’origine un terme économique, apparu dans les années 1920-1930 et exprime d’abord l es dispositifs mis en œuvre par une firme pour mener des coordinations efficaces qui relèvent de deux registres : protocoles internes lorsque la firme est intégrée (les hiérarchies) ; contrats, applications de normes lorsqu’elle s’ouvre à des sous-traitants (Lorrain, 1998, p 86). La notion est reprise par la Banque Mondiale, dans les années 1980 pour désigner les formes de gouvernements des pays en voie de développement (Osmont, 1998). Aujourd’hui la gouvernance renvoie à de nouveaux procédés et processus de l’action publique :

‘« La gouvernance se rapporte à l’élaboration de styles de gouvernement dans lesquels les frontières entre les secteurs publics et privés tendent à s’estomper. L’essence de la gouvernance est qu’elle privilégie des mécanismes de gouvernement qui n’ont pas besoin, pour fonctionner, de l’autorité et des sanctions de la puissance publique. « Le concept de gouvernance se réfère à la création d’une structure ou d’un ordre qui ne peut pas être imposé de l’extérieur, mais résulte de l’interaction d’un grand nombre de gouvernants qui s’influencent réciproquement » (Kooiman et Van Vliet, 1993, p 64 »). »33

Ainsi, la notion de gouvernance concerne toutes les politiques publiques dans leur ensemble et traduit à la fois un gouvernement dominé par les intérêts privés et l’économie de marché d’une part et une nouvelle gestion publique, de nouvelles réglementations d’autre part. Ce terme propose donc une grille de lecture de l’action publique, en pointant l’émergence de nouveaux réseaux de la décision, mettant l’accent sur la part importante du monde économique et de la société civile dans la définition des politiques urbaines. Mais veillons toutefois à l’instrumentalisation de ce terme, faite par les sphères politiciennes nationales et surtout européennes.

‘« Le pire est l’utilisation idéologique qui en est faite dans une perspective néo-libérale pour discréditer l’État, le gouvernement, voire le politique et la démocratie, et fabriquer les recettes d’une « bonne gouvernance » autant absurde qu’illusoire. »34

Ainsi, la gouvernance signifie plutôt un redéploiement de l’action publique, une redéfinition des rôles occupés par chacun des acteurs. Pour notre part nous considérerons que le partenariat public-privé n’est qu’une dimension de la gouvernance, le rapport État/ Société Civile constituant la seconde dimension. Néanmoins, sous cette notion se profilent plusieurs théories, dont les argumentations méritent d’être soulignées.

Notes
33.

STOKER G., « Cinq propositions pour une théorie de la gouvernance », in Revue Internationale de Sciences Sociales, La Gouvernance Urbaine, n°155, mars 1998, p 19.

34.

LE GALES P., 2003, Le retour des villes européennes : sociétés urbaines, mondialisation, gouvernement et gouvernance, Paris, Presses de Sciences Po, p 29.