3.1.2 Recomposition de la maîtrise d’ouvrage urbaine autour de la démarche de projet urbain et avènement de la question locale

3.1.2.1 Une nécessaire coproduction pour une politisation de l’opération d’aménagement

La maîtrise d’ouvrage urbaine jusqu’alors confinée à la seule sphère publique durant les années 197044 se fragmente avec l’intégration dans les processus décisionnels de ces nouveaux acteurs (Subileau, 1995). La manière dont s’articulent interventions publiques et interventions non publiques évolue avec une intégration progressive des acteurs, à l’origine non porteurs de cette maîtrise d’ouvrage urbaine, en amont des projets. Surtout, l’opération d’aménagement cristallise de nouveaux enjeux, politiques et territoriaux. Par conséquent, l’aménagement devient une affaire collectiveentrent en tension, avec les logiques qui prévalent aux décisions d’aménagement public, les revendications de certaines associations qui tentent de construire leur espace de pouvoir sur le territoire urbain (Landrieu, 1999, p 13). L’émergence de ces nouveaux acteurs et la complexification du processus d’aménagement s’accompagnent d’un développement des partenariats public-privé ou autrement dit, d’un renouvellement des formes de collaboration entre sphère publique et sphère non publique devant composer avec des logiques et des stratégies multiples. L’acte d’aménager a ainsi radicalement évolué depuis l’instauration du cadre législatif de l’urbanisme opérationnel. Il n’est plus question d’y voir l’ingénieur ou l’architecte dresser ce que doit être le plan et la construction, la production urbaine s’oriente davantage vers un urbanisme négocié où la décision est partagée (Bourdin, 1996).

Notes
44.

Nous assimilons alors le réseau S.C.E.T., dont les sociétés sont de droit privé mais à capitaux largement publics, à la sphère publique. Effectivement, voir les chapitres suivants sur des cas précis, les sociétés d’équipement des années 1960-1970 sont de véritables bras opérationnels des collectivités locales, celles-ci ayant des services techniques dans le domaine de l’aménagement fort limités. En outre, ces sociétés sont soumises à une tutelle étroite de l’État via les préfets et une collaboration avec les services déconcentrés et centraux du Ministère de l’Équipement.