Partie 2. L’agglomération lyonnaise : territoire – laboratoire

Chapitre 4. Réalisation du centre directionnel de la Part-Dieu, 1958-1977. Les prémisses de l’éclatement de la maîtrise d'ouvrage urbaine

Les Trente Glorieuses furent décisives pour le développement lyonnais. Surfant sur la vague du développement économique, l’agglomération s’est fortement déployée, affirmant son rôle de seconde aire urbaine française après la région parisienne. L’aménagement devient une priorité nationale, avec la nécessité croissante de planifier et de programmer l’extension urbaine. C’est dans ce contexte que prend naissance l’urbanisme opérationnel, dans un monde où apparaissent de nouveaux acteurs institutionnels. La première section de ce chapitre retrace ainsi les mutations urbaines et politiques, françaises et lyonnaises qui se sont déroulées à cette époque. Devant faire face aux nouveaux défis (résoudre la crise du logement, moderniser et renforcer la place de la France et de la région lyonnaise dans le monde économique), les villes se transforment, entamant leur mue post-moderne. Au-delà de ces mutations, les années 1960 témoignent aussi de la mise en place d’un système centralisé pour contrôler et maîtriser la croissance des villes. C’est ainsi que pour Lyon, le centre directionnel de la Part-Dieu est programmé par les instances parisiennes.

Pour autant, sa réalisation ne suivra pas un processus linéaire, découlant du système centralisé. Au contraire, à travers les « petites histoires » de la Part-Dieu, nous découvrons au fil de notre récit, une histoire mouvementée, faite de négociations et de compromis. Notre travail met particulièrement l’accent sur le cœur du centre directionnel (le centre commercial et la Tour du Crédit Lyonnais, aujourd’hui symbole de Lyon) où la ville s’est construite autour de conflits et de consensus, entre différents acteurs publics et privés. La Part-Dieu, loin d’être le fruit d’un État Planificateur ou État Aménageur, révèle ainsi les prémisses de l’éclatement de la maîtrise d’ouvrage urbaine. C’est ainsi que la Part-Dieu s’inscrit, sans nul doute, dans une démarche partenariale, au croisement des mondes public et privé. Si l’urbanisme produit peut être critiquable, si la faiblesse du maire de Lyon face aux promoteurs privés a été moult fois décriée, le pilotage de la Part-Dieu fut exemplaire et riche d’enseignements et d’expériences pour les années à venir (section 2).