4.2.2 Transformation du plan-masse : du dessein urbanistique aux réalités économiques et politiques

Les contrats précédents abordent alors les aspects financiers, techniques et gestionnaires de l’opération. À première vue, on pourrait conclure sur une coopération étroite et harmonieuse entre les protagonistes de l'opération, telle que la présente Jean-Louis Solal dans un ouvrage publié par la S.C.C. au moment de l’ouverture du centre commercial.

‘« La vocation première du commerce étant par excellence la liberté, comment a-t-il pu – avec ses nombreuses servitudes fonctionnelles – entrer dans le cadre d’une rénovation urbaine dirigée par une municipalité, s’adapter à ce cadre et le respecter ?
La préoccupation majeure de la collectivité locale étant l’intérêt général – cohésion harmonieuse de l’ensemble dans le respect du paysage urbain, souci d’éviter le gaspillage du sol, etc. – comment ne pas considérer l’intervention du secteur privé comme une invasion abusive du monde des affaires dans une opération publique ? […]
Les problèmes ont été compris et ordonnancés par les pouvoirs publics, les côtés fonctionnels respectés dans la mesure du possible. Ainsi une collaboration est née, les pouvoirs publics fixant le cadre et l’orientation, ne cherchant pas à imposer des solutions pour réorganiser les données de la distribution, et le promoteur privé acceptant de s’insérer dans un plan établi, afin que le centre se crée en harmonie avec le reste de l’opération et soit orienté vers le succès de celle-ci.
C’est, nous le pensons, de la concertation entre les pouvoirs publics – sociologues, urbanistes, architectes, ponts et chaussées, chambre de commerce – et le milieu des affaires, que peut naître le meilleur urbanisme. La Part-Dieu en est un exemple. »112

Déjà l’application des conventions intervenues entre la S.C.C. et la S.E.R.L. montre l’existence de certaines tensions entre le promoteur privé et les sociétés du groupe S.C.E.T., progressivement évincées des cercles de décision. L’analyse des conflits et de leur résolution renforcent cette « interprétation » possible de l’opération de la Part-Dieu, ou du moins, permet de ne pas négliger dans le déroulement décrit par Jean-Louis Solal ci-dessus, certains aspects qui ont permis de faire de la Part-Dieu, ce qu’elle est aujourd’hui. Cette opération montre à quel point l’aménagement n’est au final qu’une affaire de régulation entre plusieurs intérêts, dans laquelle la collectivité locale est invitée à arbitrer.

Notes
112.

Extraits choisis d’un article de Jean-Louis Solal « secteur public, secteur privé, un exemple de collaboration » paru dans un ouvrage promotionnel du centre commercial de la Part-Dieu, septembre 1973, p 72 et 75