Chapitre 5. Cité Internationale : résistances locales à l’imposition d’un « modèle ensemblier »

La Cité Internationale, opération commencée en 1985 s’est achevée en juin 2006 avec l’inauguration de l’Amphithéâtre, salle de spectacles et de conférences de 3 000 places, équipement majeur de ce nouveau quartier urbain. Elle symbolise par les équipements construits mais également par les différents modes de pilotage mis en place depuis sa création, l’émancipation progressive des collectivités locales – communauté urbaine et Ville de Lyon-, devenant des acteurs à part entière de l’aménagement. Dégagées de la tutelle centrale – ministère de l’Équipement associé au groupe S.C.E.T., ces collectivités locales ont déployé leurs compétences par de nombreux recrutements, le développement de leurs services et la recherche de nouvelles collaborations externes. Parallèlement le secteur privé de l’urbain (service public et aménagement) se réorganise complètement avec l’émergence de grands groupes opérateurs de l’urbain (Campagnac, 1992). Depuis 1977, nous constatons ainsi une restructuration complète de l’action publique locale dans le milieu de l’aménagement qui fait suite aux critiques adressées à l’encontre de la communauté urbaine de Lyon à l’issue des grandes opérations des années 1970. L’agglomération lyonnaise poursuit ainsi sa mue urbaine, ayant pour objectif de devenir une métropole internationale. De nombreux chantiers sont ouverts avec la relance de la planification stratégique et le lancement de grands projets urbains. Progressivement émergent ainsi de nouvelles manières d’envisager le pilotage de ces grands projets urbains des années 1980 - 1990, où le triptyque Communauté urbaine - S.E.R.L.- atelier d’urbanisme éclate, confirmant ainsi les prémisses d’une maîtrise d'ouvrage urbaine renouvelée (section 1).

Dans cette perspective, les pilotages successivement mis en place pour la réalisation de la Cité Internationale sont exemplaires des « bonnes pratiques » où le recours au secteur privé est requis comme gage d’efficacité et signe de modernité. Cependant, il existe plusieurs manières d’intégrer les acteurs privés au développement urbain. La Cité Internationale est le terrain d’expérimentations plus ou moins heureuses mais dont le mérite est d’avoir fait du site de la Cité Internationale un nouveau quartier aujourd’hui vitrine de l’agglomération lyonnaise. Loin des polémiques autour de l’urbanisme produit et de l’intégration de ce quartier avec son environnement urbain139, nous nous attachons aux différents dispositifs de pilotage mis en place, illustrant un mode de gestion ensemblier à la Lyonnaise. Toutefois, ce mode ne se pérennise pas. L’achèvement de l’opération est repris par une S.E.M. d’aménagement dont les actionnaires majoritaires sont la communauté urbaine et la Ville de Lyon. D’ailleurs, le dispositif ensemblier tenté sur la Cité Internationale n’a jamais été reproduit jusqu’à présent dans l’agglomération lyonnaise. Alors, la Cité Internationale illustre-t-elle une affirmation d’une nouvelle action publique urbaine, caractérisée par des délégations au secteur privé sous contrôle de la communauté urbaine de Lyon (section 2) ?

Notes
139.

Il faudrait citer des recherches en cours et reprendre éventuellement certaines critiques de Lyonnais ou d’autres sur ce quartier : déjà évoquer une recherche en cours à travers le GIP EPAU.