6.2.1 L’urbanisme opérationnel comme cadre référentiel aux interventions public-privé

L’histoire des opérations de la Part-Dieu et de la Cité Internationale montre, comme attendu, une forte implication du secteur privé au niveau de la conception même de l’opération. Certes, une telle intervention en amont de l’opération est aujourd’hui évidente pour une opération contemporaine comme celle de la Cité Internationale et relève du processus de « projet urbain » décrit au second chapitre. En effet, bon nombre d’auteurs ont déjà souligné l’importance du secteur privé dans le processus de fabrication de la ville. Sur la Part-Dieu, on aurait pu s’attendre à des interventions successives et maîtrisées par le secteur public, à l’égard de processus mis en évidence pour la réalisation des villes nouvelles.

‘« D’une façon générale, c’est le secteur privé qui apporte en quelque sorte le marché et qui est chargé de répondre à ses besoins. À ce titre, son rôle consiste à acquérir ou louer les terrains nécessaires ; à préparer définitivement les sols pour leur permettre de recevoir les structures qu’ils vont accueillir ; à assurer le financement, la construction et la commercialisation de bâtiments (avec leurs annexes) ayant des destinations variables (logements, bureaux, industriels, industries, commerces, etc…) ou d’équipements privés (patinoires, cinémas, etc…).
Il intervient dans les villes nouvelles dans les conditions de droit commun, c'est-à-dire dans les mêmes conditions que dans le reste de la France. Il peut à ce titre, dans le domaine du logement, bénéficier des différentes aides publiques qui sont prévues pour les réalisations à caractère social. »211

Ces propos tirés d’un rapport sur les villes nouvelles désignent ainsi la manière dont les choses devaient théoriquement se dérouler, le secteur public est en charge des équipements publics (infrastructures comme superstructures), le secteur privé développe des produits ayant une valeur marchande : Les promoteurs se positionnent sur un terrain dont les droits à construire et les esquisses architecturales sont déjà figées. Mais la réalisation de la Part-Dieu montre les limites de ce schéma, avec la participation d’acteurs privés et surtout de promoteurs à la conception urbanistique et architecturale. Leurs interventions ont engendré la remise en cause des plans initiaux, aussi bien pour des raisons financières que pour des raisons techniques et architecturales, devançant ainsi les mécanismes de la procédure de Z.A.C. De ce point de vue, la réalisation de la Cité s’insère dans le schéma classique de la Z.A.C. : le programme de construction se définit et négocie au fur et à mesure de la réalisation de l’opération. Entre ces deux moments, on ne s’est pas uniquement doté d’un ensemble d’outils favorisant la réalisation conjointe public-privé des opérations d’urbanisme, mais on a radicalement changé les manière de faire l’aménagement urbain.

Notes
211.

MORELON J.P., 1972, Les relations entre la puissance publique et le secteur privé pour la réalisation des villes nouvelles françaises, note pour le secrétariat général du groupe central des villes nouvelles, mars 1972, p 5.