II- Définition

Dans les années 1950, les analyses de Lévi-Strauss des systèmes de parenté permettent de penser que l’homme, envisagé comme un être pensant, être social, être communiquant avec ses semblables, va pouvoir enfin être un objet de science. Ainsi, pour Lévi-Strauss, la structure possède une organisation logique mais implicite, un fondement objectif en-deçà de la conscience et de la pensée (structure inconsciente). Par conséquent, le structuralisme vise à mettre en évidence ces structures inconscientes.

Les principaux auteurs et penseurs structuralistes sont Lévi-Strauss, Althusser, Lacan, Foucault et Derrida4. Selon J. Dubois, le structuralisme est un mot utilisé parfois pour désigner une définition parmi d’autres, parfois pour en désigner plusieurs, parfois pour les désigner toutes :

‘« […] Les diverses théories que sont le fonctionnalisme, la glossématique ou le distributionnalisme fondent la linguistique sur l’étude des énoncés réalisés. Dans cette perspective, la linguistique se donne pour but d’élaborer une théorie du texte qu’on considère comme achevé (clos) et d’utiliser à cette fin une méthode d’analyse formelle. Ainsi, le structuralisme pose d’abord le principe d’immanence, le linguiste se limitant à l’étude des énoncés réalisés (corpus) et tentant de définir leur structure, l’architecture, l’indépendance des éléments internes. En revanche, tout ce qui touche à l’énonciation (notamment le sujet et la situation considérés en quelque sorte comme des invariants qui relèvent d’autres domaines) est laissé hors de la recherche. Sur ce point, toutefois, ilfaut noter des divergences importantes l’école de Prague, avec R. Jakobson et É. Benveniste, se préoccupe d’analyser les rapports locuteur-message,et les successeurs de F. de Saussure, Ch. Bally notamment, posent une linguistique de la parole tout aussi importante et opposée à une linguistique de la langue ; au contraire, L. Bloomfield et le structuralisme américain considèrent qu’il est impossible de définir le sens et la relation du locuteur au monde réel ; selon eux, trop de facteurs entrent en jeu et le linguiste est incapable d’ordonner de manière explicite les traits pertinents de la situation. Un autretrait important du structuralisme est la distinction sous diverses formes d’un code linguistique (langue) et de ses réalisations (parole). On va donc tirer du texte ou des textes analysés qui résultent d’actes de parole le système de la langue, alors que l’étude de la parole elle même a été laissée de côté. Ainsi, le structuralisme fonde l’économie linguistique dans le fonctionnement synchronique du code. On pose a priori, pour un ensemble d’énoncés, l’existence d’une structure qu’on doit ensuite dégager en se fondant sur une analyse immanente ; les codes sont considérés comme irréductibles les uns aux autres ; on se demande alors comment la traduction d’une langue à l’autre est possibleet on soutient, avec Y. Bar-Hillel, qu’elle n’est jamais totale : les microstructures d’unemême langue (un champ lexical par rapport à un autre champ lexical) sont irréductibleselles aussi les unes aux autres. Cette indépendance d’une structure par rapport à une autre s’accompagne d’un certain nombre de postulats concernant le plan des signifiés et le plan des signifiants. La relation entre signifié et signifiant est considérée comme arbitraire et, sauf exceptions (motivation), il n’y a pas de rapport entre la forme du signe et l’objet désigné. De même on postule, parfois implicitement, parfois explicitement,d’abord la distinction entre la forme et la substance, ensuite le principe de l’isomorphisme entre elles (…). »5

Notes
4.

Cf. Jean Piaget, Le structuralisme, "Que Sais-je" ?, Paris, Presses universitaires, 1968, pp. 5-16, et 82-100.

5.

Voir J. Dubois, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, pp. 443-444.