1.2 L’origine linguistique du structuralisme 

Le structuralisme tire son origine du Cours de linguistique générale (1916) de Ferdinand de Saussure, qui envisage d’étudier la langue comme un système dans lequel chacun des éléments n’est définissable que par les relations d’équivalence ou d’opposition qu’il entretient avec les autres. Cet ensemble de relations forme la structure6.

En sciences humaines, le structuralisme est un courant de pensée issu de la linguistique, qui marque la psychanalyse, la philosophie et l’anthropologie françaises des années 1960-1970, et se caractérise par l’affirmation du primat de la structure sur l’événement ou le phénomène. Le mouvement apparaît dans les années 1950, à la suite de la thèse fondatrice de Lévi-Strauss, les Structures élémentaires de la parenté (1949) et connaît son apogée dans les années 1960, pour décliner à la fin des années 1970. Dans ce courant, l’unité a toujours posé problème. À ce propos J. Dubois écrit :

‘« La linguistique structurale se définit par la recherche des différences qui aboutit au binarisme ;les oppositions peuvent être d’ordre syntagmatique (opposition d’une unité avec celles qui précèdent ou avec celles qui suivent) ou d’ordre paradigmatique (opposition avec toutes les unités qui auraient été possibles au point de la chaîne où se trouve l’unité étudiée). Un des mérites du structuralisme est d’avoir établi la linguistique comme science des langues, grâce aux distinctions qu’il a introduites (synchronie/diachronie ; règles du code/réalisations individuelles ; traits pertinents/traits redondants, etc.). […]. Le structuralisme a posé les bases théoriques de la science du langage dans la mesure où il a tendu à en décrire le fonctionnement. Les premiers schémas de représentation (linéarité de la chaîne de Markov, rejet systématique de toute interprétation fondée sur une théorie du sujet) se sont certes révélés trop simples. Ils ont conduit toutefois le linguiste à s’occuper de recherches proprement scientifiques dans le domaine des applications (pathologie du langage, apprentissage programmé des langues, traitement formel des textes, classement documentaire). Ce type de recherches n’est devenu possible qu’à partir du moment où le structuralisme a mis en avant le problème du fonctionnement synchronique des langues corelié aux problèmes généraux du langage. Les difficultés du structuralisme résident pourtant dans ce qui a fait son succès l’analyse à partir de textes réalisés a conduit à négliger la créativité du langage sur laquelle la grammaire générative a mis ensuite l’accent ;la notion de système, sans exclure la diachronie (l’histoire), n’en a pas moins conduit à négliger l’étude historique de la langue ;le désir d’objectivité a minimisé les manifestations du sujet parlant et l’incidence du locuteur dans son discours. »7

Notes
6.

Cf. Jean Piaget, Le structuralisme, "Que Sais-je" ?, Paris, Presses universitaires, 1968, pp. 5-8, 10-13 et pp. 63- 81.

7.

Voir J. Dubois, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, p. 445.