3.1. La structure du langage poétique chez Jean Cohen 

3.1.1 Présentation 

L’écrivain Jean Cohen considère la structure du langage poétique parmi les réalisations qui forment la poésie structurelle. C’est un structuralisme de grande compétence dans la création figurative et qui fait partie de la création poétique scientifique à l’opposé de la création poétique philosophique. Cette opération n’est pas fondée sur la prétention de résultats préalables, mais sur l’étude palpable des réalités soumises aussi bien à la confirmation qu’à l’infirmation. À partir de là, l’auteur a emprunté la méthode statistique et la comparaison à travers trois étapes (l’étape classique, romantique et symbolique) dans un contexte d’amplitude et de représentativité qui prouve le but scientifique de l’opération. Sur la base de ces fondements méthodiques, l’auteur français traite de la forme rhétorique à la lumière de la connaissance linguistique moderne 20.

Le projet de Jean Cohen débute par la première réalisation de la rhétorique ancienne qui s’est arrêtée à ce niveau en se limitant à la classification et en considérant les catégories d’écarts comme des éléments indépendants qui oeuvrent pour elles ; elle n’a pas cherché à connaître la structure commune entre les diverses formes. Cohen suppose qu’il existe une nature semblable et commune, de façon que l’homophonie, par exemple, soit un élément phonétique, par opposition à la métaphore, qui est un élément sémantique. La métaphore s’oppose à l’intérieur de son niveau particulier au paradigme (= ’al-wazn) en sa qualité d’élément distinctif, tandis que le paradigme constitue un élément d’homonymie. En revanche, à l’intérieur de l’élément sémantique, la métaphore, qui est un élément d’attribut, s’oppose à l’épithète, qui est un élément de détermination. (MoÎammad El-waliyy et MoÎammad El- cAmriyy, Binyat ’allu È ah ’a š-š i c riyyah, p. 48.)

"يبدأ مشروع (جون كوهن) من الخطوة التي أنجزتها البلاغة القديمة ووقفت عندها، حيث اقتصرت على التصنيف واعتبرت أصناف الانزياح عوامل مستقلة تعمل لحسابها، ولم تبحث عن البنية المشتركة بين الصور المختلفة، ويفترض كوهين أن هناك طبيعة متشابهة ومشتركة، فتكون مثلاً القافية عاملاً صوتيًا بالمقابلة مع الاستعارة، وهي عامل دلالي، وتتقابل داخل مستواها الخاص مع الوزن باعتبارها عاملاً مميزاً في حين يُشَكِّلُ الوزن عامل تجانس، أما داخل المستوى الدلالي فإِن الاستعارة ، وهي عـامل إِسنادي، تـقابل النعـت وهي عامل محدد".

Ce faisant, Cohen dépasse l’autonomie imposée par la rhétorique ancienne pour la remplacer par « la forme de formes ». Cette forme est fondée sur la jonction de ces formes rhétoriques anciennes avec les niveaux et les fonctions équivalentes qui forment des dénominateurs communs entre eux et qui aboutissent à la construction d’une forme symétrique contenant l’ensemble des opérations sur lesquelles se compose le poème.

Notes
20.

Cf. MoÎammad El-waliyy et MoÎammad El- cAmriyy, Binyat ’allu È ah ’a š-š i c riyyah, p. 5.