2. La composition

2.1  La problématique de la composition

Il s’agit d’une deuxième méthode permettant de trouver des termes en recourant à la néologie syntaxique (ou morphologique) dans la langue arabe.

Pour rappel, cette méthode n’avait pas une grande importance dans la langue arabe depuis la période antéislamique. Au reste, les linguistes du deuxième siècle de l’hégire n’ont cité que peu d’exemples vivants de la composition qui ont été rapportés dans les ouvrages de la langue à travers les siècles. Cependant, les linguistes contemporains lui accordent un rôle plus important dans le but de tirer profit des différentes possibilités linguistiques à des fins de création d’unités terminologiques nouvelles.

Le terme « naÎt » revient à ’al-Ëalīl ’Ibn AÎmad, qui le cita dans l’ouvrage « ’al- c Ayn » en l’expliquant à travers de nombreux exemples. C’est le cas du verbe arabe : « Íayyahala », tiré d’un verbe et d’une préposition. D’où cette équation qui relève du façonnement Íay + hal, ou encore ce verbe arabe : « tacabšama », qui fait allusion au « cAbd » et « šams ».

’Al-Ëalīl explique ainsi cette structure composée : "[Les grammairiens] ont pris à partir de deux expressions successives un mot dont ils ont dérivé un verbe." (’al-Ëalīl, Kitāb ’al- c ayn, vol. 1, p. 68.)

"فالفعل ( حيعل يحيعل ) (حيعلة) مأخوذ من فعل وحرف جر : حي + هل ، وهذا من النحت. وأيضا الفعل ( تعبشم ) بمعنى انتسب إلى عبد شمس ، وفسر الخليل هذه الأبنية المنحوتة على أنهم " أخذوا من كلمتين متتاليتين كلمة واشتقوا فعلا ".

Il est possible d’affirmer que les linguistes et les grammairiens arabes fassent preuve de réserve à l’égard de la régularité de la composition. Si les lexicographes se sont contentés d’exemples bien précis, les grammairiens, quant à eux, se sont abstenus de parler de la régularité des structures de composition84.

La diversité des points de vue linguistiques modernes et contemporains à propos de la place de la composition dans la langue arabe, son rôle dans l’évolution de celle-ci ainsi que son importance envers ses terminologies [celles de la langue] concerne tous ceux qui permettent le recours à cette méthode (la composition), dans le domaine des sciences et des techniques, qu’ils considèrent indispensable au développement scientifique arabe85.

Si l’on tente de comprendre les toiles de fond constitutives ainsi que les différents points de vue qui ont déterminé la place et la notion de composition dans la langue arabe, il reste l’étude de la mise en exergue de la notion de ce terme chez Jean Dubois86, qui considère la composition comme étant une formation d’une unité sémantique à partir des éléments lexicographiques indépendants dans la langue, contrairement à la dérivation, considérée comme une formation de nouvelles unités lexicographiques réalisée à partir d’éléments linguistiques indépendants.

Dans le cas de la notion de « composition », le nom composé « timbre-poste », considéré comme étant une unité sémantique constituée de deux éléments lexicographiques que sont « timbre » et « poste », et dont chaque mot accomplit une fonction linguistique indépendante.

D’autre part, Jean Dubois ajoute que certains linguistes sont allés loin dans la constitution de la structure ainsi composée et ont englobé des affixes constants, par exemple, « rouge comme une pivoine », les états complexes, comme « la grande vitesse » ou encore les noms complexes, « onde de choc ».

Il est également possible d’obtenir des syntagmes composés par assimilation en se servant de la première lettre de chaque mot d’une expression longue. C’est le cas des initiales : S.I.D.A (syndrome immunodéficitaire acquis).

Dubois conclut que ces procédés constituent des dispositions linguistiques de la forme de composition87.

Notes
84.

Cf. ’al-HādÐ ’al-ÉaÔlāwÐ, MadÌal ’il ā ’al-’uslÙbiyyah, pp. 34-35.

85.

Cf. ’Ibn Wahb, ’al-Burhān fī wu Ê ūh ’al-bayān, p. 163.

86.

Cf. Jean Dubois, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, p. 106.

87.

Cf. ÍiÊāzÐ, ’al-’Usus ’al-lu È awiyyah li c ilm ’al-mu ÒÔ ala Î, p. 72. Voir aussi Ibrahīm bin Murād, Muqaddimah lina Û ariyyat ’al-mu c Ê am, p. 153.