2. L’emprunt à partir des autres disciplines scientifiques

2.1  Analyse de certains termes 

2.1.1 « Emetteur »

Le terme français « émetteur » fait partie des termes de la physique avant d’être employé par la linguistique. Il a été aussi employé par les auteurs de la théorie de l’information, puis a été adopté par les auteurs de la théorie de la communication, lors de leur définition du phénomène linguistique106.

Selon Jean Dubois, dans la communication, l’« émetteur est celui qui produit un message réalisé selon les règles d’un code spécifique. La communication étant le transfert d’une information, d’un message, d’un lieu ou d’une personne à un autre lieu ou à une autre personne, par l’intermédiaire d’un canal et sous une forme codée, l’émetteur est l’appareil ou la personne qui est à la source du message. L’appareil émetteur est en même temps un appareil, un codeur, procédant à l’encodage qui va du sens au son et qui est le processus par lequel certains signaux du code sont sélectionnés et introduits dans le canal. Dans son schéma de la communication, on donne parfois à l’émetteur le nom de destinateur et au récepteur le nom destinataire. »107

L’émetteur constitue la partie première dans l’appareil de communication ayant comme vis-à-vis l’autre partie qui est le récepteur. L’émetteur accomplit, en tant qu’appareil de communication linguistique, une opération de codage, contrairement au récepteur qui, pour sa part, accomplit une opération de décodage à travers un canal assurant la communication en donnant lieu au message108.

À l’instar des autres termes de la communication linguistique, ce terme muta pour une analyse structurelle du message littéraire à la lumière de la théorie de la communication poétique, qui nécessite une analyse de tous les facteurs entrant dans la constitution des expressions qui se sont introduites dans le champ de la communication que provoque le poème. Par conséquent, c’est l’émetteur (le poète) qui envoie son message poétique au récepteur. Pour que ce message poétique arrive à accomplir sa mission, il lui faut un contexte favorable à son intégration, ainsi qu’un code permettant au récepteur de saisir le message à la base avec la clarification de l’axe de communication, c’est-à-dire le canal de la communication, qu’il s’agisse de l’ouie, ou de la vue lors de la lecture. La vision qui s’impose à présent d’elle-même consiste à dire que le terme arabe Bā×× vient lui aussi de la physique tout comme le terme français « émetteur ».

En réalité, le terme « émetteur » est un terme qui existait déjà dans la langue française avant de se transmettre à la linguistique. En revanche, le terme « bā×× » n’existait pas en tant que terme en arabe avant le structuralisme. Il s’agit tout simplement d’un correspondant arabe au terme linguistique français emprunté à la physique. Cependant, est-il possible de considérer ou non le terme arabe « bā×× » comme relevant de l’emprunt interne à l’image de la traduction mot à mot du terme français ?

Notes
106.

Cf. ’al-Mseddī, ’al-Usl Ù biyyah wal-usl Ù b, p. 137.

107.

Voir J. Dubois, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, pp. 175, 176.

108.

Cf. ’al-Mseddī, ’al-Usl Ù biyyah wal-usl Ù b, p. 137.