3.3.4  La notion de  figure dans l’ancien patrimoine rhétorique et critique arabe 

Certes, la figure poétique n’est pas une création poétique moderne mais l’un des instruments poétiques qui ont été utilisés par le poète depuis les temps lointains de la poésie. « Notre ancienne poésie arabe reste jalonnée de nombreuses figures à travers lesquelles, les poètes exprimèrent leurs sensations et représentèrent leurs sentiments même s’il est normal que dans l’ancien poème, la figure en raison de sa notion, son objectif artistique, sa façon de se constituer ainsi que la nature des rapports régissant ses éléments, diffère de la figure dans le poème moderne et ce, en vertu de la divergence de la nature de l’imagination et de la notion de la poésie et des formes du poème. » ( cAlī cAšrī Zāyid,   c An binā’ al-qa ÒÐ dah al- c arabiyyah, pp. 73-74.)

"وشعرنا العربي القديم حافل بالعديد من الصور التي صور بـهـا الشعراء أحاسيسهم وجسدت مشاعرهم وإن كان من الطبيعي أن تختلف الصورة في القصيدة القديمة في مفهومها ، وغايتها الفنية ، وطريقة تشكيلها ، وطبيعة العلاقات بين عناصرها ، عن الصورة في القصيدة الحديثة ، لاختلاف طبيعة الخيال ومفهوم الشعر ، وأشكال القصيدة".

Il se pourrait que la relation de « ressemblance » soit la plus répandue dans le poème arabe. Par conséquent, la grande majorité des critiques et des rhétoriciens arabes a concentré son étude de la figure poétique sur les thèmes de la ressemblance et de la métaphore, même si ces rhétoriciens n’avaient pas omis d’autres variétés de la figure esthétique, qui repose sur d’autres types de relations entre ses éléments et ses parties. Toutefois, leur intérêt envers ces autres types de figures paraissait secondaire en comparaison à leur grand intérêt envers la ressemblance et la métaphore131.

Nous n’avons pas trouvé d’autre rhétoricien aussi ouvert et sensible que cAbdul Qāhir ’al-ÉurÊānī. Il est parvenu à comprendre la nature de la figure, comme on peut le constater dans son analyse du vers : « Il porta le mal sous le bras », a été cité par ’Abū Tammām dans « ’al- Í amāsah » :

إذا هـزه في عظـم قـرن تهللـت
نواجـذ أفـواه المنايـا الضواحـك

En levant [l’épée] elle (la mort) exulta de joie. Si bien que sa bouche [fit apparaître ses dents].

cAbdul Qāhir ’al-ÉurÊānī écrit à ce propos : "Maintenant, tu peux prétendre dans le dīwān ’al- Í amāsah que le poète utilise pour métaphore les mots « dents », « bouche » pour décrire la mort et qu’en levant l’épée celle-ci jubila au point de rire à pleines dents" (cAbdul Qāhir ’al-ÉurÊānī, Dalā’il ’al-’i c Ê āz, p. 314.)

"أنت الآن تستطيع أن تزعم في بيت الحماسة أنه استعار لفظ النواجذ ولفظ الأفواه لأن ذلك يوجب المحال ، وهو أن يكون في المنايا شيء قد شبه بالنواجذ ، وشيء قد شبه بالأفواه ، فليس إلا أن تقول إنه لما ادّعى أن المنايا تسر وتستبشر إذا هو هز السيف ، وجعلها لسرورها بذلك تضحك ، أراد أن يبالغ في الأمر فجعلها في صورة من يضحك حتى تبدو نواجذه من شدة السرور".

Par ailleurs, cAbdul Qāhir ’al-ÉurÊānī met l’accent sur les fonctions artistiques de la métaphore dans son livre ’Asrār ’al-Balā È ha quand il écrit :

"Avec elle [la métaphore] tu verras le minéral parler, celui qui balbutie parler avec éloquence, les particules muettes se structurer et les significations cachées apparaître au grand jour. Comme si tu les voyais de tes propres yeux." (cAbdul Qāhir ’al-ÉurÊānÐ, ’Asrār ’al-balā È ha, p. 33).

"إنك لترى بها الجماد ناطقًا ، والأعجم فصيحًا ، والأجسام الخرس مبنية ، والمعاني الخفية بادية جلية .. إن شئت أرتك المعاني اللطيفة التي هي من خبايا العقل كأنها قد جسمت حتى رأتها العيون ، وإن شئت لطفت الأوصاف الجسمانية حتى تعود روحانية لا تنالها الظنون".

Notes
131.

Cf. cAlī cAšrī Zāyid,   c An binā’ al-qa ÒÐ dah al- c arabiyyah, pp. 73-74.