Conclusion

Cette étude est un essai qui tente de répondre aux deux questionnements posés dans l’introduction :

Comment pouvons-nous étudier le terme critique dans le but de parvenir à la connaissance des principes dans le domaine de la critique structurale en partant de la découverte méthodique des moyens de formation du terme critique et à travers les deux traductions arabes Binā’ lu È at ’a š-š i c r (= Structure de la langue de la poésie) faites par AÎmad Darwīš ou bien Binyat ’al-lu È ah ’a š-š i c riyyah (= Structure du langage poétique) faite par MoÎammad El-waliyy et par MoÎammad El- cAmriyy ?

Afin de définir les caractéristiques du texte de la critique structurale, comment le terme est-il apparu dans le discours et quels sont les moyens du fonctionnement linguistique dans le discours critique littéraire ?

La tentative de répondre à ces questionnements a impliqué une analyse précise des termes critiques dans les deux traductions arabes. À partir de cette nécessité, cette étude a été divisée en quatre parties : la première est théorique, alors que les trois autres appartiennent au domaine pratique.

La partie théorique a étudié la critique structurale. Nous nous sommes appliquer à tirer avantage de la théorie structurale, de ses principes et de ses concepts pratiques, dans le domaine de la critique littéraire et l’analyse de la structure du langage poétique. Cela a entraîné des conséquences dans la déduction de concepts de termes de la critique structurale et dans la connaissance de ses spécificités inspirées des principes linguistiques de la théorie structuraliste.

Nous avons consacré la deuxième partie à l’étude de la formation morpho-structurelle des termes critiques structuralistes dans les traductions arabes. Cette partie comprend deux chapitres : un premier traitant de la linguistique structurale et de son rôle dans la formation des termes à travers la dérivation, la composition et le système syntaxique ; un second consacré à la formation par transfert sémantique des termes à travers l’emprunt intérieur des termes des autres sciences et du patrimoine et son rôle dans la composition des termes.

La troisième partie a été consacrée à l’étude du fonctionnement du terme dans le discours. Elle s’intéresse à la description du terme critique à l’intérieur des textes français et arabes traduits à travers l’étude des collocations et de la reformulation et de leur rôle dans l’explication des termes critiques.

La quatrième partie est consacrée aux fiches terminologiques, à la présentation des termes mentionnés dans l’original français et de leurs correspondants arabes et à proposer un terme choisi soit parmi l’un des termes mentionnés dans les traductions arabes, soit parmi d’autres textes critiques ou parmi ceux proposés par les dictionnaires spécialisés, en fonction du degré de concordance entre le concept du terme français et le correspondant arabe proposé.

La nature de l’étude et la voie empruntée a nécessité que l’on prenne en considération un point d’importance capitale :

Nous avons abordé la terminologie en tant que discipline à partir des ouvrages critiques structuralistes qui mettent l’accent sur sa jeunesse et sur sa difficulté. En raison de sa position fortement interdisciplinaire, la terminologie se voit attribuer un florilège d’acceptions qui insistent tantôt sur l’ensemble des termes propres à un domaine, visant la création, la classification et la diffusion terminologique, tantôt sur le fait qu’il s’agit de l’étude systématique de la dénomination des notions propres à un domaine donné.

À partir de l’introduction, il nous a semblé opportun d’étudier les unités terminologiques sur lesquelles opèrent les domaines littéraires et critiques. Ainsi, l’unité terminologique critique se distingue de l’unité lexicale par son lien étroit avec le référent dont elle est une étiquette et par son aspect formationnel.

L’étude a été consacrée à la terminologie critique aussi bien en français qu’en arabe.

Elle nous a permis d’avoir une vue d’ensemble sur l’évolution puis sur l’état actuel de la terminologie critique dans les traductions arabes.

Nous avons analysé différents types de termes critiques, de mots empruntés au langage spécifique ou de termes inspirés par d’autres disciplines mais nous ne nous sommes pas arrêté seulement à l’aspect reconstitutionnel et formationnel de la terminologie critique.

L’œuvre de J. Cohen a mis en lumière diverses caractéristiques de la terminologie critique : la polysémie découle de la nature du signe linguistique, de la formation des termes et de leur système syntaxique. En outre, dans la terminologie critique structuraliste, nous nous sommes efforcé d’examiner le sérieux des versions arabes de Structure du langage poétique et avons souligné leurs lacunes. D’autre part, la plupart des traducteurs ont trouvé utile de commenter, notamment par des notes, les traductions de Jean Cohen, afin d’expliciter les points obscurs du texte de départ et sa terminologie, voire de justifier l’emploi d’un terme important pour la compréhension du texte originel. La présente recherche a abordé les problèmes terminologiques et traductologiques qui ont entravé le transfert de l’ouvrage de J. Cohen en arabe. La multiplicité de ses traductons a entraîné non seulement l’ajournement de la recherche portant sur les problèmes terminologiques, mais a également augmenté considérablement notre corpus initial. Le choix que nous avons fait de l’étude terminologique ne nous a pas amené à négliger les problèmes traductologiques : ce corpus fournit un mélange très diversifié des barrages traductologiques que peut créer le transfert d’une connaissance d’une ou de plusieurs langues sources vers l’arabe.

Enfin, il est important de conclure en constatant que la terminologie arabe critique semble rencontrer peu de difficultés et que la lisibilité de la pensée de l’auteur du Structure du langage poétique est accessible. Mais, sur le plan terminologique, les linguistes arabes et les auteurs des deux traductions ne sont pas en accord sur le choix de l’équivalent à adopter pour traduire les termes de la critique littéraire.

Les termes critiques structuralistes se composent soit d’unités terminologiques simples comme Ò ūrah (= figure) soit d’unités terminologiques complexes, comme dans le cas du Ò ūrah Òawtiyyah(= figure phonique) et Ò ūrah na Î wiyyah (= figure grammaticale) et autres termes, comme ceux mentionnés à la fin de l’étude. De même, J. Cohen a eu recours aux termes composés pour expliquer, clarifier et exprimer les nouveaux concepts créés. Concernant le transfert sémantique et son rôle dans la composition des termes représentés par « l’emprunt intérieur a d’autres sciences et du patrimoine », les résultats les plus importants auxquels nous sommes parvenu sont les suivants : les termes du patrimoine représentent une grande richesse dont il faut tirer avantage d’une façon claire et précise afin de trouver les termes critiques modernes qui leur correspondent, ce qui est particulièrement indispensable dans une théorie comme le structuralisme.

Concernant la description du terme critique dans le discours qui a été présentée à travers les collocations, en dépit du fait que celles-ci soient rares dans notre recherche, il reste que l’étude du terme critique et l’observation de son contexte verbal sont d’une grande utilité au niveau de la définition.

Enfin, l’étude de la reformulation des termes critiques à l’intérieur du discours avait pour but d’expliciter et de clarifier les termes auxquels l’auteur donne de nouvelles significations. Car J. Cohen a recours à des termes divers provenant de différents domaines comme la logique, l’histoire, la linguistique et le patrimoine grammatical et rhétorique.