3- L’éducation en Inde

L’Inde est un pays aux multiples contradictions. Tandis qu’il s’est développé dans l’économie de la connaissance, il a également plus de la moitié des pauvres et illettrées du monde, dont la plupart sont des femmes. Le défi du pays est qu’il doit arriver à une politique qui maintient son développement économique et en même temps qui doit permettre aux zones rurales d’accéder aux différents services.

La situation de l’éducation en Inde reste extrêmement préoccupante : malgré l’amélioration des taux d’alphabétisation depuis l’indépendance en 1947, la population analphabète indienne croît toujours. Le problème est encore plus inquiétant pour certains États et groupes d’individus. En effet, outre les inégalités régionales, les classes moyennes cachent des disparités importantes entre urbains et ruraux, riches et pauvres, castes supérieures et castes inférieures ou tribus, et entre hommes et femmes : bien que les progrès, collectifs et individuels, de l’alphabétisation féminine s’avèrent considérables, les filles subissent toujours, par rapport aux garçons, une discrimination importante dans l’accès à l’éducation. Autrement dit, l’inégalité entre les sexesest très forte en Inde, avec un des ratio les plus faible du monde (1991 = 929 femmes pour 1000 hommes mais de nombreux États descendent en dessous de ces chiffres (0,87 Haryana, 0,88 Pendjab contre 0,96 en Afrique du Nord) et surtout un ratio qui baisse (946 en 1951) contrairement à l’évolution démographique de tous les autres pays. Les causes en sont la surmortalité féminine entre 1 à 30 ans qui s’explique autant par le système de la dot, étendue au XX° siècle à l’ensemble de la société qu’à l’analphabétisme qui entretient l’écart entre les hommes et les femmes.

C’est le deuxième fléau indien, avec un retard qui place toutes les régions indiennes en dessous des provinces chinoises, avec en 1987-1988 en Inde 26 % d’analphabètes chez les garçons et 48 % chez les filles (âge 15-19), alors qu’en Chine les chiffres de 1990 sont respectivement de 3 et 4 % ! L’enseignement de masse reste peu efficace : 50 % des enfants des campagnes de 6-11 ans ne sont jamais allés en classe. La tradition culturelle mais aussi l’absence de priorité de la part des gouvernements (3 % du PNB — 1994) explique ce retard qui constitue aujourd’hui un frein au développement. Les pays d’Asie à forte croissance avaient de ce point de vue une situation meilleure de plus de 20 points en 1960, par rapport aux résultats de l’Inde de 1992 (Leclerc, 2003).