4- Les TIC dans l’éducation indienne

4.1. La situation de TIC

L’Inde est depuis longtemps un territoire de l’innovation technologique, mais il est en passe de devenir un géant mondial dans ce domaine (Franda, 2002 : 139-168). Il possède déjà son « lanceur de satellites » (Desai, 1999 :87), et la capitale régionale des technologies est Bangalore, au sud. Ce secteur a connu une croissance 45 % par an depuis 1995, et ce, malgré la crise asiatique. Cette révolution des TIC est comparable à la « Révolution Verte » (Keniston, 2005 : 68), elle a été grandement initiée par les pouvoirs publics dès 1984, avec une accélération après 1991. Actuellement, l’État a lancé un gigantesque plan d’équipement de tout le territoire avec des liaisons à haut débit, combinant réseaux en fibres optiques et antennes paraboliques. L’État est également à l’initiative de la création d’une vingtaine de technopôles avec un guichet administratif unique qui permet de créer une nouvelle activité en quelques heures seulement.

Ces parcs technologiques se développent surtout dans le domaine des logiciels(Naidu, 2003), ils comprennent actuellement environ 900 entreprises qui regroupent à peu près 400 000 employés. L'Inde est aujourd'hui un grand exportateur des TIC (OCDE, 2004 :16) et les deux tiers des exportations de logiciels se font en direction des États-Unis. Des entreprises du Top 250 a baissé au Canada et en Suède entre 2000 et 2005 mais il a augmenté de plus de 20 % en Inde (OCDE, 2006 : 36). Développement également de télé services par sous-traitance d’activités américaines. Exemple : la Banque Mondiale vient d’y installer ses services. Dans les dix premières entreprises indiennes, cinq sont spécialisées dans les TIC. L’Inde avec 46 milliards dollars américain était au sixième rang en 2005, Chine onzième avec des dépenses de 118 milliards USD, le Brésil était neuvième avec des dépenses de 62 milliards USD.(OCDE, 2006 :52).

Les raisons de ce succès est le main-d’œuvre qui est très compétente et les salaires relativement bas. À la différence de la Chine, l’Inde utilise essentiellement la langue anglaise, notamment pour les services en ligne. L’Inde est également reconnue pour la qualité du travail effectué.

Dès les années 1960, se sont développés des Instituts de Technologie sur le modèle du MIT de Boston. Beaucoup de techniciens de haut niveau y ont été formés, puis sont allés travailler aux États-Unis. Ils interviennent aujourd’hui directement dans le processus en cours, ils investissent dans leurs régions d’origine, principalement le sud. Cette diaspora indienne constitue 10 % des effectifs de Microsoft aux États-Unis. Bangalore avant tout, c’est la ville « historique » des TIC en Inde. Le gouverneur de cet État a décidé  de faire de sa capitale un haut lieu des TIC, on retrouve ici l’importance des pouvoirs publics, même au niveau local.

Bombay commence également à être présente dans ce secteur, avec une « Hightech-city » qui est une pépinière d’entreprises avec des quartiers à hauts revenus. Dans ce domaine, l’Inde est totalement mondialisée. Elle excelle en particulier dans le domaine de la formation. Exemple : « APTECH Computer Éducation » est l’un des leaders mondiaux sur le marché de la formation aux TIC (Leclerc, 2003).

L’Inde aujourd’hui favorise activement l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans le secteur d’enseignement formel, comme il l’a fait dans le secteur non formel pendant plus de 40 années. En fait, depuis le début des années 1950, les documents indiens de politique ont identifié la nécessité d’employer tous les médias pour favoriser le développement de l’éducation. Les documents officiels ont identifié les besoins en terme d’utilisation des TIC, notamment dans le secteur de l’éducation non formelle.

Aujourd’hui, décideurs du pays au niveau central et régional ont choisi d’explorer l’utilisation de l’ordinateur et d’Internet appliqués à l’éducation, en suivant l’exemple de l’utilisation des émissions de TV. Ils ont favorisé l’utilisation de l’enseignement à distance dans les systèmes formels et non formels de l’éducation. Un satellite consacré à l’éducation, EDUSAT, a été programmé pour début 2004, avec des canaux éducatifs spécialisés et jusqu’à 5000 stations de radiodiffusion de la FM à l’usage des établissements éducatifs. Cette infrastructure sera disponible à tous les secteurs de l’éducation, mais surtout, elle a été mise en place pour les agences qui seront responsables de la transmission des programmes destinés à des auditeurs ciblés. Par exemple, le gouvernement d’état pourra l’utiliser, ainsi que l’enseignement à distance pour la transmission de ses propres programmes et les agences agricoles pour augmenter le rendement.

En raison d’une annonce politique faite par le premier ministre de l’Inde dans la première conférence nationale des ministres des technologies de l’information, le groupe de travail sur le développement des ressources humaines en technologie de l’information a été installé sous l’égide du ministère du développement des ressources humaines. Par un processus de consultation parmi différents dépositaires et établissements, le rapport du groupe de travail a visé des recommandations principales pour développer les compétences et l’expertise du pays et pour développer des technologies innovatrices. Ceci représente le programme-cadre que l’Inde a mis en place pour l’usage des TIC dans l’éducation et pour le développement des ressources humaines.

Le groupe de travail (task force) a fait un certain nombre de recommandations conçues pour créer un avantage concurrentiel durable afin de maintenir la position de l’Inde dans l’économie de la connaissance. (Knowledgeled businesses). Une re-ingénierie de l’éducation technique et du système de formation du pays, avec une insistance sur l’éducation des TIC, a été proposée sous la direction d’un programme national pour le développement des ressources humaines dans les TIC. Les actions émergeant de cette politique comprennent : la création d’une conscience publique ; l’information sur les meilleures pratiques ; l’identification et le développement d’établissements pilotes ; la promotion de l’apprentissage de l’enseignement à distance (technology-mediated), l’amélioration des compétences des enseignants, les programmes scolaires, le curriculum, la recherche, l’amélioration des rapports entre le privé et le public.

Les interventions ont proposé les options les plus rentables avec de courtes périodes et avec une mise en valeur de certaines infrastructures telle que les équipements en ordinateurs et la gestion de réseaux, la formation des enseignants, le curriculum et de courseware, la promotion des innovations et des initiatives dans tout le système éducatif par un échange ouvert des idées et la reconnaissance des pratiques innovatrices des éducateurs.

Il est très difficile de déterminer exactement les crédits et les dépenses du gouvernement pour les TIC, puisque l’argent peut venir de différents ministères. Par exemple, l’investissement pour la technologie peut venir du budget de l’Indian Space Research Organization, les attributions pour la chaîne agricole viennent probablement du budget du ministère de l’agriculture et la programmation des émissions de TV est issue du ministère du développement des ressources humaines.

En tous cas, la politique et les stratégies de l’Inde étaient d’acquérir une indépendance. Il y a eu un changement stratégique : l’Inde est passé du statut de pays dépendant de l’aide extérieure à un pays indépendant, acteur de la concurrence mondiale, tout en fournissant de l’aide à d’autres pays.