4.2.4. La théorie de la sauvegarde et de la conservation des cultures héritées du passé

Le quatrième modèle proposé porte sur les stratégies utilisées par les pays, les villes internationales et les organismes culturels pour faire face à la mondialisation culturelle, s’y opposer ou l’encourager. Ces stratégies concernent la sauvegarde et la conservation des cultures héritées du passé, le rajeunissement des cultures traditionnelles, la résistance à la mondialisation culturelle et la modification ou la transformation des cultures nationales et locales destinées à la consommation mondiale. De ce point de vue, la mondialisation de la culture est un processus qui donne lieu à la concurrence et à la négociation, puisque les organismes et les pays tentent de sauvegarder leurs cultures, de les placer ou de les projeter dans l’espace mondial. Chaque pays n’accorde pas la même importance à la sauvegarde de sa culture en regard à sa production ou à ses exportations culturelles. Selon ce dernier modèle, la mondialisation de la culture est considérée comme un processus tumultueux, chargé de tension, de concurrence et de conflit.

Dans les pays de plus en plus exposés à la culture mondiale, les cultures traditionnelles et classiques font parfois l’objet d’efforts concertés de sauvegarde et de conservation. Dans certains pays, comme le Japon, la sauvegarde et la conservation ont été au coeur des politiques culturelles, en réaction à la mondialisation. Les pays de l’Asie du Sud-est considèrent les arts comme l’expression de leurs identités sociale et nationale. L’appui du gouvernement constitue une forme de népotisme ou de clientélisme. Par exemple, des artistes de la scène sont mandatés pour se produire et ce en raison de leur contribution au maintien de l’identité nationale et de leur engagement profond à sauvegarder le patrimoine culturel local. Leurs gouvernements exercent un droit de regard considérable sur les contenus et les prestations artistiques.

Pour comprendre les stratégies nationales en matière de culture, il faut d’abord comprendre les différents aspects de la résistance aux cultures mondiales. À coup de taxes, de tarifs douaniers et de subventions, de nombreux gouvernements cherchent à contrôler les circuits de dissémination de la culture importée afin de sauvegarder la souveraineté et la diversité culturelles nationales. Les pays avancés comme les pays en développement ont dû recourir à des stratégies pour résister aux cultures médiatiques mondiales. Les industries de la télévision et du cinéma ont été soumises à des quotas d’importation (Tomooka et Kobayashi, 2002). La musique populaire est un autre domaine où les pays ont eu recours au protectionnisme et à diverses formes d’aide accordée par l’État aux musiciens et aux industries de la musique.

Ces formes de résistance entraînent des conflits politiques avec les pays exportateurs de culture commerciale et avec les organismes multinationaux qui s’intéressent davantage aux profits qu’à l’intérêt public (Beale, 2002). Le gouvernement américain s’est vivement opposé à la réglementation visant à limiter l’accès des produits culturels américains aux marchés étrangers. Il refuse d’admettre que d’autres pays puissent avoir raison de chercher à protéger leurs identités culturelles et considère généralement que ces mesures ne sont rien d’autre qu’une forme de protectionnisme (Sinclair, 1996 : 51). Les négociations concernant les ententes sur le commerce international opposent souvent ces deux orientations (French et Richards, 1996).

Chacun des quatre modèles porte sur un ensemble différent de variables associées à la mondialisation de la culture et avance des hypothèses sur le processus par lequel ces variables influencent la mondialisation de la culture et sur les différentes conséquences qui en découlent (Diana, 2002).