2.1. Les qualifications et le niveau d’expérience du personnel

Le défi que pose la mise en place des TIC dans les établissements scolaires dépend à la fois de leur vision du changement et des valeurs qu’il incarne, ainsi que de la culture et des valeurs des établissements concernés (Pelgrum, 2004: 79-80). Plusieurs études se sont penchées sur les barrières qui limitent l’intégration des TIC dans établissements. Celles-ci sont de deux types : les sources externes et les sources internes. Les sources externes sont le manque d’outils, de temps pour préparer les cours en utilisant les TIC et pour apprendre le fonctionnement des logiciels, le manque de soutien technique, de formation et d’accompagnement. Les barrières internes face à l’intégration des TIC se résument aux croyances des enseignants, à leur perception au sujet de la technologie et à leur perception de leur niveau de compétence face à la technologie. D’un côté, la présence à l’école d’au moins un enseignant s’investissant fortement dans les nouvelles technologies, l’attitude du directeur, l’habitude du personnel de l’école de travailler en équipe, de même que les soutiens locaux (équipement, appui technique) semblent être des facteurs favorables à l’intégration des TIC. De l’autre, chez les enseignants novices, il semble que la formation spontanée qui résulte de la proximité des discours et des pratiques des TIC par des enseignants chevronnés et l’interaction avec ces derniers constituent un des facteurs affectant la probabilité d’utilisation des TIC. Des recherches récentes soulignent que certaines pratiques pédagogiques valorisées par les enseignants sont très favorables à l’intégration des TIC : l’intervention de nature socio-constructiviste, l’approche collaborative, la conception intégrée des matières scolaires, la pédagogie centrée sur l’apprenant stimulée par la réalisation de projets significatifs, etc (Leclerc, 2003).

Or pour avancer dans le domaine de la mise en place des TIC dans le système éducatif, on a absolument besoin, d’abord, de personnes disposant d’une double compétence pédagogique et informatique. Sans l’équipe de professeurs travaillant à mi-temps ou à temps complet, capables de répondre à leurs questions ponctuelles ou d’assurer des formations à la demande dans leurs établissements, les professeurs ressources se retrouveraient vite totalement débordés et dans l’incapacité d’apporter une contribution efficace au développement des TIC. On peut aussi raisonnablement penser que, par leur connaissance du terrain, ces professeurs relais constituent également une source d’informations très fiables permettant aux responsables académiques d’avoir une vision aussi précise que possible de l’évolution de l’utilisation des TIC dans le système éducatif. Pour prendre un exemple récent, on pourrait citer les problèmes liés aux antivirus. Bien sûr la mise en œuvre d’un antivirus n’est pas directement une activité pédagogique, mais sans antivirus, on ne peut entreprendre aucune action pédagogique fondée sur les TIC de manière sereine.

Dans cette section, il s’agit de définir ce qui permet d’utiliser efficacement les TIC : les attitudes, les connaissances, les aptitudes. La formation du personnel est le facteur qu’on mentionne le plus souvent pour une intégration réussie des TIC. Il y a une distinction à faire entre l’acquisition d’une innovation en éducation (infrastructure technologique) et sa mise en œuvre en vue d’atteindre les objectifs visés (enseignement et apprentissage). Les analyses du rendement des élèves où on ne note pas ou peu de corrélation entre l’utilisation d’ordinateurs et le rendement des élèves reflètent sans doute cette disparité entre l’acquisition et la mise en œuvre.