2.2. Matériels éducatifs

Pour la mise en place des TIC dans le système éducatif et leur intégration dans le programme scolaire on a besoin de matériel éducatif. Par exemple, l’accès à Internet par le haut débit dans les pays en voie de développement surtout dans des régions éloignées et rurales est un problème qui n’est toujours pas résolu. La capacité d’utiliser et de créer des ressources multimédias est considérée comme essentielle pour poursuivre l’innovation dans le domaine des TIC dans le système éducatif. En effet, les enseignants ont besoin d’un éventail complet de logiciels éducatifs dont ils puissent disposer facilement, d’informations en ligne aisément accessibles sur le sujet traité, et sont tributaires du niveau de difficulté et de la facilité d’emploi des matériels(OCDE, 2001/ 18). Or pour pleinement tirer profit des technologies, il faut des équipements adaptés, disponibles à la demande dans chaque classe, et aisément accessibles aux élèves en dehors des cours. Par rapport à la diversité des logiciels et matériels éducatifs, les applications utilisées dans l’éducation ont des impacts très diversifiés sur l’enseignement et l’apprentissage et peuvent servir des objectifs pédagogiques très différents. Certaines, comme les systèmes avec vidéo-projecteurs, font appel à du matériel additionnel. La classification suivante est adaptée de McFarlane et de Rijcke (McFarlane et Rijcke, 2001 : 41).

Tableau (2-5), Les impacts très diversifiés des TIC sur l’enseignement et l’apprentissage
Type d’application Exemples Utilisation éducative
Outils
généraux
Traitement de texte, logiciel de présentation, tableur, production multimédia, dont conception de pages Web. Revêtent une importance croissante ; requièrent une
réflexion innovante et créative de la part de l’enseignant ; la qualité est dans l’application et non dans les outils, car ceux-ci sont indépendants du contexte.
Outils pour l’enseignant Plan de cours en ligne, systèmes avec vidéo projecteurs, tableaux blancs. Préparation des cours, enseignement à la classe entière avec vue partagée de l’écran, interaction gérée par l’enseignant.
Communications Courrier électronique, cyberformation, visioconférence, navigateurs Internet. Demandent une vision de l’éducation dépassant l’enceinte de l’école, pour laquelle elles offrent un formidable potentiel ;
usage familier hors contexte scolaire.
Ressources En particulier sur le Web,
générales ou éducatives
Utilisées selon leur disponibilité de la manière souhaitée ; pour un apprentissage basé sur les ressources, axé sur les compétences.
Enseignement
assisté par
ordinateur (EAO)
Produit lié à un certain type de contenu et assez élémentaire. Offre des possibilités d’apprentissage individuel sans développements coûteux ; semble bien adapté à une pédagogie de la transmission.
Systèmes
d’apprentissage
intégré (SAI)
Tâches, évaluation et progression
individualisées, dont l’EAO, avec enregistrement et compte-rendu des résultats.
Ces produits semblent extérieurs à l’instruction et à l’apprentissage dirigés par l’enseignant, mais ils ne sont réellement efficaces que lorsqu’ils font partie intégrante du processus d’apprentissage, qui devrait être repensé.
Outils d’évaluation
sur ordinateur
Les comités chargés de l’organisation des examens nationaux développent les examens sur ordinateur, qui s’inspirent largement des tests sur papier. Leurs composantes avantagent ceux qui savent manier l’informatique ; les enseignants devront intégrer des tâches similaires dans leur enseignement pour bien préparer
les élèves.
Outils de gestion Procédures en classe
Administration scolaire
Publication des résultats
Communication
Progrès des élèves, analyse des insuffisances, etc. Ressources financières, en personnel et pédagogiques Parents, conseils d’établissement, inspecteurs, grand public. Par ex. de l’école à la maison et inversement.

Plusieurs de ces applications – notamment celles qui relèvent des quatre premières catégories – ne sont pas spécifiques de l’éducation. Leur présence à l’école est néanmoins très souhaitable car il est de plus en plus indispensable de les connaître dans la société contemporaine et elles peuvent servir certains objectifs pédagogiques. Les outils généraux et les techniques de communication peuvent s’avérer très efficaces pour développer un modèle d’apprentissage participatif, centré sur l’élève, tandis que les outils destinés aux enseignants peuvent stimuler la dynamique interactive lorsqu’il convient d’enseigner à la classe entière. Les ressources et techniques de gestion de l’environnement d’apprentissage permettent à celui-ci de fonctionner plus efficacement et de mieux servir les besoins de chaque apprenant.

Le projet « Hole in the wall44» entrepris par Sugata Mitra en Inde, est un exemple intéressant pour les responsables de l’élaboration des politiques dans le cas d’une mise en place. Dans le cadre de ce projet, un ordinateur Pentium très puissant, muni d’une connexion d’accès rapide à Internet, a été encastré dans un mur, le but étant que les enfants pauvres des rues puissent y accéder gratuitement et librement. L’opération a montré que des groupes d’enfants curieux étaient capables de s’initier seuls au fonctionnement de base d’un ordinateur (Mitra, 2000) et de découvrir le principe de la navigation sur Internet et les possibilités ainsi offertes, sans même en connaître la terminologie. Ce constat est particulièrement encourageant : il apporte la preuve que des enfants vivant dans une situation économique très précaire et qui n’ont aucun contact avec une personne possédant ne serait-ce qu’un minimum de connaissances en informatique, peuvent néanmoins apprendre à maîtriser les éléments et les fonctions de base des technologies de l’information pour peu qu’ils aient les moyens et la liberté d’y accéder.

Même si le taux d’accès à des ordinateurs et les possibilités de connexion à Internet sont limités, il est important que les pays en développement réforment leurs programmes scolaires afin de promouvoir, dès l’éducation de base, les aptitudes à la réflexion critique et les capacités d’apprentissage tout au long de la vie. Une solution peut être de constituer des partenariats avec des entreprises et des organisations non gouvernementales en vue d’une mise en commun de situations différentes, des problèmes et des ressources, dans la perspective d’une réactualisation des programmes scolaires (Pelgrum, 2004).

Si l’accès à des ordinateurs et à Internet est une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante, pour atteindre les divers objectifs programmatiques indiqués. Pour ce qui est de la formation de personnel compétent en TIC dans le cadre de l’enseignement professionnel ou supérieur, les besoins peuvent porter plus spécifiquement sur la nature des infrastructures matérielles et des logiciels de soutien requis. Par contre, s’agissant des objectifs programmatiques relatifs à l’acquisition d’une culture informatique et à «l’apprentissage via les technologies », les besoins concernent principalement la facilité et la liberté d’accès à un ordinateur équipé d’applications bureautiques de base et d’un accès Internet. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour que les élèves vivant dans une région desservie par un réseau d’alimentation électrique aient accès à des équipements informatiques et à Internet. Différents systèmes de partenariat et de donation peuvent être mis en place dans ce but : Les ordinateurs et les périphériques obsolètes, qui sont mis au rebut par des entreprises des pays développés, peuvent, par exemple, faire l’objet de dons aux écoles, soit directement, soit par le biais d’organismes associatifs.

Dans les régions isolées, l’accès à Internet repose souvent sur la transmission par satellite. S’il n’est économiquement pas viable de prévoir un accès ininterrompu à Internet dans certaines régions, il est possible d’envisager un pseudo-accès en créant un miroir local de ressources importantes qui sera périodiquement mis à jour. Une autre manière d’optimiser l’exploitation de ressources est d’établir un planning d’accès des classes dans un lieu central et, si possible, de prévoir des espaces de libre accès à tous les élèves. On veillera à installer au moins un ordinateur dans la salle destinée au personnel ou dans d’autres salles, auquel les enseignants ont aisément accès. L’idéal sera que la même infrastructure puisse être utilisée par les collectivités locales en dehors des horaires d’école de façon à élargir les possibilités d’accès local aux ordinateurs. Ce système peut s’avérer plus efficace que de dispenser aux enseignants des cours pour développer leurs compétences techniques.

La maintenance et le soutien à l’utilisation des matériels, des logiciels et du réseau sont une autre source de difficulté. Les spécialistes en TIC sont en général une denrée rare dans les pays en développement. Il est utopique de vouloir doter chaque école d’un coordinateur technique spécialiste des TIC. L’une des solutions peut être de former, dans chaque classe ou école, des « jeunes bénévoles passionnés de technologie » qui pourront ainsi renforcer leurs compétences tout en améliorant les conditions d’accès des élèves et de la communauté (Pelgrum, 2004).